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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/195

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PARIS

donne à ce flot de la vie qui inonde et illumine toutes choses. Mais soudain, le torrent le jette sur le rivage, sans force, sans mouvement ! Ce qu’il a cru être la vie, c’est la mort !

C’est à Paris que s’adressait un poète de génie quand il disait:

Vous vouliez pétrir l’homme à votre fantaisie;

Vous vouliez faire un monde? — Eh bien, vous l’avez fait, Votre monde est superbe, et votre homme est- parfait Les monts sont nivelés, la plaine est éclaircie; Vous avez sagement taillé l’arbre de vie; Tout est bien balayé sur vos chemins de fer,

Tout est grand, tout est beau, mais on meurt dans votre air.

Pauvre Alfred de Musset! Il en pouvait parler en connaissance de cause; car il avait respiré trop longtemps cet air empesté qui fait mourir.

Mais je ne veux pas entrer maintenant dans des considérations morales sur la vie parisienne.

Je ne veux pas laisser croire non plus que l’atmosphère de Paris soit partout insalubre; non certes, et les spectacles édifiants ne manquent pas dans la grande ville.

Comme l’antique Janus, Paris a deux faces, et si l’une d’elles a le rictus de Voltaire, l’autre rappelle la grande figure historique de Saint Louis. En d’autres termes, il y a deux Paris, le Paris impie et le Paris catholique, le Paris qui blasphème et le Pa-