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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/233

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PARIS


« Comme nos monuments à tournure bourgeoise
Se font petits devant ta majesté gauloise,
Gigantesque sœur de Babel !
Près de toi, tout là-haut, nul dôme, nulle aiguille,
Les faîtes les plus fiers ne vont qu’à ta cheville,
Et ton vieux chef heurte le ciel.

« Qui pourrait préférer, dans son goût pédantesque,
Aux plis graves et droits de ta robe dantesque
Ces pauvres ordres grecs qui se meurent de froid,
Ces Panthéons bâtards, décalqués dans l’école,
Antique friperie empruntée à Vignole,
Et dont aucun dehors ne sait se tenir droit.

« Ô vous, maçons du siècle, architectes athées,
Cervelles, dans un moule uniforme jetées,
Gens de la règle et du compas,
Bâtissez des boudoirs pour des agents de change,
Et des huttes de plâtre à des hommes de fange ;
Mais des maisons pour Dieu, non pas !

« Parmi les palais neufs, les portiques profanes,
Les Parthénons coquets, églises courtisanes,
Avec leurs frontons grecs sur leurs piliers latins,
Les maisons sans pudeur de la ville païenne,
On dirait à te voir, Notre-Dame chrétienne,
Une matrone chaste au milieu de catins !