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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/292

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fiques, et de raisonner a priori en s’appuyant sur L’Évangile et sur la Tradition, il fait cette première réponse pleine de franchise et de courage :

« Vous reprochez au catholique de faire de la science a priori ? Mais vous le mépriseriez, et vous auriez le droit de le mépriser, s’il ne procédait pas de la sorte. Comment, je crois de toutes les énergies de mon âme, qu’un Dieu s’est laissé tomber du ciel en terre, qu’il a pris ma chair, qu’il a ouvert ses lèvres, qu’il a professé ici-bas toute vérité. Ce Dieu nous a dit lui-même : « Voilà l’erreur et voici la vérité ; voici la lumière et voilà les ténèbres. » Et vous voudriez qu’à propos de la première découverte scientifique venue, je me demandasse si mon Dieu n’a pas été un ignorant ; s’il a connu la physique aussi bien que Galilée, et l’astronomie aussi bien que Copernic ; si son Incarnation et sa Rédemption n’ont pas été une erreur inutile de cette divinité plus qu’aveugle. Vous prétendez que ma foi soit l’humble servante de la Chimie, de la Géologie et de toutes vos sciences naturelles. Vous exigez que je dise peut-être, quand mon Jésus a dit oui : que je m’écrie à chaque instant « Analysons, étudions, constatons, si le Christ s’est trompé, et si la Bible est dans le faux ; vous voulez que vingt fois, cent fois par jour je remette toute ma foi en question, et que je transforme ma certitude en hésitation ? Non, non, mille fois non ! Si j’agissais ainsi, je n’aurais vraiment pas cette foi pleine, solide, et sûre, qui est le propre des âmes sincèrement catholiques. Si dans toutes les questions nécessaires, je ne jugeais pas à priori je serais un incrédule ou un