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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/299

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« C’est lui qui, sculpteur incomparable, a ciselé tous les astres ; c’est lui qui a taillé notre terre comme un merveilleux diamant ; c’est lui qui dans l’éternité de sa pensée et de son plan divin a créé le modèle et arrêté la forme de tous les êtres vivants ; c’est lui qui, dans le bloc de notre chair, a sculpté le corps humain, cette statue si bien proportionnée, si belle, et qui regarde le ciel.

C’est lui qui, peintre incomparable, a jeté sur la terre la variété des couleurs ; c’est lui qui, avec son inépuisable palette, a peint lui-même toutes les fleurs, tous les animaux, et le ciel, et la mer et l’œil humain.

« C’est lui qui a maçonné, charpenté, menuisé, tapissé, tissé, fondu, forgé tous les mondes, et surtout notre terre.

« Et je dis qu’on ne rend pas justice à cet ouvrier, à l’Ouvrier !

« Tout-à-l’heure, je vous ai vus entrer dans sa maison, le blasphème aux lèvres et le chapeau au front. Tout-à-l’heure, vous êtes passés devant son tabernacle adorable, et vous ne l’avez pas salué. Tout-à-l’heure vous lui avez jeté — je les ai entendues — des insultes avec des menaces.

« C’est une chose, en vérité, qui m’a révolté jusque dans le plus profond de mon être, et je n’ai pu en être le témoin sans être très profondément indigné.

« Non, non, on ne rend pas justice à l’Ouvrier ! »