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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/330

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enseigne à passer pardessus, et il fabrique pour cela des échelles de soie en grand nombre. C’est plus habile.

Vous pensez peut-être que j’exagère, et vous désirez des preuves ? Écoutez :

Il suffirait d’ouvrir le théâtre d’Alexandre Dumas, fils, pour faire la démonstration que vous désirez. Mais je craindrais, lectrices, de manquer au respect qui vous est dû en vous présentant ses héroïnes.

Je prendrai donc pour type et pour exemple une comédie moins malsaine, celle qui est le chef-d’œuvre de M. Émile Augier et la plus édifiante de son répertoire : je veux parler de Gabrielle que j’ai vu jouer au Français.

Gabrielle est une jeune et jolie femme. C’est peut-être un pléonasme que l’alliance de ces deux mots ; car la jeunesse est toujours jolie et la beauté est toujours jeune.

Elle a pour mari un avocat qui se nomme Julien. Il aime sa profession et il est entré résolument dans le sérieux de la vie. Il aime sa femme, fortement et tendrement, et il travaille avec courage à lui procurer le bien-être matériel dont elle a besoin.

Il a du talent, de l’esprit, et du cœur, et dès les premières scènes quelques-unes de ses paroles révèlent qu’il y a dans ce cœur des trésors de tendresse. Son unique enfant, la petite Camille est sur ses genoux et il lui dit en l’embrassant :

« Comme te voilà belle avec ta robe blanche. »