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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/338

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œuvres sont parfumées et poudrées avec le plus grand soin. On voit de suite à quel sexe il s’adresse, de quels yeux il veut tirer des larmes, quels cœurs il veut gonfler de soupirs !

Il y a telles de ses comédies qu’on a comparées à des toilettes de bal : des flots de velours, de soie et de dentelle, des falbalas, des rubans, des perles, des fleurs, des parfums. Mais, défiez-vous, cette toilette plus ou moins décente recouvre une incomprise mariée que vous ferez bien de ne pas trop fréquenter.

Les héroïnes de M. Feuillet ont toujours à la main leur éventail et leur flacon d’essences ; mais surtout, elles ont au cœur des quintessences de sentiment, et de lyriques aspirations qu’il est toujours fort difficile à un mari de satisfaire.

Il en résulte que ce mari est trompé, et que… c’est sa faute !

M. Feuillet a donc imité ses confrères du théâtre, et non seulement il a voulu comme eux excuser les déchirures faites au contrat de mariage ; mais il les a suivis sur un autre terrain plus immoral encore !

Vous n’ignorez pas les efforts que les écrivains du jour ont faits pour réhabiliter aux yeux des honnêtes gens ces malheureuses femmes qui composent le demi-monde. C’est la thèse que soutiennent Victor Hugo dans Marion Delorme, Alexandre Dumas dans la Dame aux Camélias et plusieurs autres dramaturges. Eh bien, M. Feuillet a voulu tenter aussi sa petite réhabilitation de la courtisanne. Chacun de ces auteurs a son procédé pour arriver à ce résultat.