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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/50

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vous donc et ses champs émaillés de fleurs, et ses palais, et ses tours superbes. »

Pourquoi donc ton épreuve est-elle si longue ? Pourquoi l’heure de ton triomphe n’est-elle pas encore sonnée ? Quel crime as-tu donc commis qui mérite une telle persistance du malheur ?

L’oppression, la lutte, la pauvreté semblent avoir été ton lot en ce monde.

Jetée comme une nouvelle Cythère au milieu de l’Océan, protégée contre les invasions par des côtes montagneuses et escarpées qui ressemblent à des fortifications naturelles, le premier marin qui descendit sur tes bords dût se dire : Voilà une terre privilégiée qui vivra libre et paisible. Et cependant la paix et la liberté sont précisément les deux grands biens dont tu ne devais pas jouir.

Luttes séculaires contre les Danois qui voulaient te conquérir, luttes contre les Anglo-Normands qui devinrent tes maîtres, luttes contre tes propres enfants qui tant de fois ont ensanglanté ton sein, luttes contre les armes de ta fière et ambitieuse voisine, luttes contre ses lois tyranniques et les persécutions de son nouveau culte religieux, tel est le résumé de ton histoire.

Faut-il donc désespérer de ton avenir, ô peuple martyr ?

Non certes, il n’y a que les nations sans foi qui sont vouées à la mort. Tu vivras et tu reprendras ta place au soleil. Si ton esclavage et ta misère se