Luss est déjà bien loin derrière nous, et nous avons dépassé Tarbet. Inversnaid est là-bas qui nous regarde venir. « N’allons donc pas si vite, petit, nous sommes bien dans cet éden. »
Mais il ne m’écoute pas, et poursuit son vol. Le lac a changé d’aspect ; il est devenu sauvage, et les monts qui nous regardent passer sont escarpés, sombres, et entrecoupés de mystérieuses profondeurs. Je dis à mes compagnons de voyage que si j’étais sur la tête de ce géant qui est à notre gauche et qui s’appelle Ben Lomond, j’aurais un grand problème à résoudre.
— Lequel ? disent-ils.
— En descendre.
Il faut dire adieu à notre charmant coursier ; nous sommes à Inversnaid, et de hautes montagnes se dressent devant nous. Un grand omnibus traîné par d’énormes chevaux Clyde est là sur la falaise. Prenons y notre place.
— Mais savez-vous quelles sont ces ruines, me demande un compagnon de voyage en m’indiquant quelques murailles délabrées, qui s’élèvent tout près de nous.
— C’est, je suppose, encore une prison de Rob Roy ? — Non, c’est un fort que les Anglais avaient bâti précisément pour dompter ces Macgregor turbulents, au commencement du siècle dernier.
— Alors il a dû se passer ici quelques faits d’armes remarquables.