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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/81

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M. Jules Gauthier a suivi, et il a fait la véritable histoire de Marie Stuart.

Mais un nouveau jour devait encore être jeté sur cette lugubre histoire, et M. Chantelauze a fait disparaître toutes les préventions en publiant tout récemment le journal inédit de Bourgoing, le médecin de la Reine, et la correspondance de Paulet, son geôlier.

De tous les mensonges de Buchanan que tant d’historiens ont reproduits, et qui font de Marie Stuart une Messaline, des odieuses inventions de Dargaud qui ose la comparer à Marguerite de Navarre et lui préférer celle-ci, des insinuations malveillantes de M. Mignet, il ne reste plus rien aujourd’hui ; et la lumière est faite sur cette malheureuse victime de la trahison, du fanatisme et de la calomnie. Il est plus que temps.

Ô dérision de l’Histoire, qui en déshonorant Marie Stuart, décernait à Élizabeth l’auréole de la chasteté ! Élizabeth ! cette royale prostituée qui ne se maria pas afin de continuer plus librement ses amours coupables ! Élizabeth qui jalouse de la beauté et de la vertu de Marie voulut d’abord lui faire épouser l’un de ses propres amants dont elle ne voulait plus, et qui plus tard lui tendit des pièges dans sa prison, et soudoya un débauché pour la déshonorer !

Le portrait que nous avons sous les yeux est très beau, et il doit être ressemblant puisque la beauté de Marie Stuart était célèbre dans toute l’Europe. Ce don ne lui porta pas bonheur, et ne fut qu’un motif