Aller au contenu

Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui semblent des machines, avec ses obélisques de brique qui portent jusque dans les nuages la noire fumée qu’elle exhale.

C’est ici que l’on peut voir jusqu’où peut aller la puissance de l’homme sur la matière. Il ne peut pas la créer pas plus qu’elle n’a pu se créer elle-même, mais il s’en rend maître, il la façonne, il la transforme, il la change, il l’adapte à ses besoins, et lui fait produire ce qu’il ne pourrait pas faire lui-même.

Admirable économie de la Providence qui produirait bien des merveilles, si l’homme savait rapporter au Créateur de toutes choses l’hommage de ses œuvres, et s’il n’en venait pas à croire que tout est matière, et que la matière est Dieu ! Hélas comment comprendre que l’homme, fait si grand, travaille à se rapetisser ainsi lui-même ?

Ces réflexions, et bien d’autres qui ne valaient pas mieux, roulaient dans mon cerveau, lorsque je visitai les Mayfield Point Works Ordsall Mills qui sont, paraît-il, les plus vastes manufactures du monde.

Il n’y a pas de doute que leurs proportions et leurs travaux étonnent. Mais je n’ai à aucun degré la bosse de l’industrie, et si elle peut quelquefois m’étonner, elle ne réussit jamais à m’émouvoir.

Manchester est une ville qui grandit beaucoup, et qui depuis quelques années vise même à s’embellir.

Elle a des édifices publics qui sont très beaux. Le New Town Hall, l’Exchange et les Assizes Courts ont vraiment du style, et je crois que les artistes ne leur ménageraient pas les éloges.