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LE CENTURION

« Cet homme n’est pas un envoyé de Dieu puisqu’il n’observe pas le sabbat. » D’autres : « Comment un pécheur peut-il faire de tels miracles ? » Et toi ? demandèrent-ils à l’aveugle, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ?

— C’est un prophète, répondit-il, sans broncher.

Cette réponse irrita les pharisiens, et ils lui répliquèrent : pour nous, nous savons que cet homme est un pécheur.

— S’il est pécheur, reprit l’aveugle, je ne le sais pas, mais je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et qu’à présent je vois.

Or, c’était précisément ce fait accablant, plus éloquent que tous les arguments, qui exaspérait mes collègues. Le miracle leur crevait les yeux, et ils ne voulaient pas le voir.

La foule l’affirmait, elle en rendait témoignage ; et malgré son ignorance, avec son seul bon sens et sa bonne foi, le miraculé répondait triomphalement à toutes les arguties des docteurs incrédules et haineux.

Un moment, il parut même se moquer d’eux, lorsqu’ils lui demandèrent pour la troisième fois, comment Jésus lui avait ouvert les yeux.

— Pourquoi voulez-vous l’entendre encore ? leur dit-il ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez être ses disciples ?

— Alors, ils le maudirent, et lui dirent avec colère : Sois son disciple, toi ; mais nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que