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LE CENTURION

disciples en disant : « Ma mission est finie ; maintenant, il faut qu’il croisse et que je décroisse. »

Les humbles, les ignorants, et les simples ne doutaient pas que Jésus fût bien le Messie. Ils avaient vu ses œuvres, et elles avaient suffi à les convaincre. Il leur avait déclaré d’ailleurs qu’il l’était ; or, Dieu ne peut pas faire de miracles pour affirmer le mensonge.

Mais il n’en allait pas ainsi parmi les grands, parmi les riches, et surtout parmi les prêtres juifs.

Les classes dirigeantes ne voient jamais sans méfiance et jalousie une influence et une orientation nouvelles s’affirmer, et grandir. Elles portent naturellement envie au succès et à l’élévation de ceux qu’elles appellent des parvenus.

C’est à Jérusalem surtout que la lutte était violente, et organisée par les chefs du peuple, plus spécialement par ceux qui représentaient l’autorité religieuse.

Pour refuser de reconnaître la messianité de Jésus, ils invoquaient divers motifs, qui pouvaient excuser leur scepticisme, mais qui ne justifiaient aucunement leur hostilité haineuse.

Le Messie, disaient-ils, devait être de la famille de David. Il devait naître à Bethléem et non en Galilée.

Or, Jésus venait de Nazareth. Il y était connu depuis sa plus tendre enfance, ainsi que sa famille. Son père était un obscur charpentier. Lui-même y avait exercé ce métier jusqu’à l’âge de trente ans ;