Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
LE CENTURION

Quelle en devait être ’étendue ? C’était bien difficile à décider, en ne consultant que les prophéties. On croyait qu’il devait délivrer Israël et en saisir le sceptre. Mais les prophéties disaient aussi qu’il délivrerait toutes les nations, et que toutes les nations lui obéiraient.

Il devait être aussi un prophète pour enseigner les peuples, et un prêtre du Très-Haut pour offrir le sacrifice expiatoire du péché du premier homme. Mais comment pourrait-il être à la fois un roi puissant, et la victime du serpent qui le mordrait au talon ? Que signifiait cette blessure que le serpent aurait le pouvoir de lui infliger ?

Et s’il devait régner sur toutes les nations avec tant de gloire, comment, selon les mêmes prophéties, devait-il être un objet de mépris, sujet à toutes les souffrances, et soumis à de tels tourments qu’il n’aurait plus figure humaine ?

Tout cela était prédit, et semblait bien contradictoire, si l’on n’admettait pas que la royauté du Messie devait être spirituelle.

Et si elle devait avoir ce caractère surnaturel, rien ne s’opposait plus à reconnaître celle que Jésus réclamait, puisque son royaume, disait-il, n’était pas de ce monde.

Enfin, un dernier motif, plus grave que tous les autres, était invoqué par les grands, les docteurs, et les prêtres, pour justifier leur incrédulité.

À plusieurs reprises, Jésus avait affirmé qu’il était le Fils de Dieu. Or, disait-on, comment cet