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LE CENTURION

Quelques-uns étaient disciples de Jean le Baptiste, et ont été baptisés par lui dans le Jourdain. Je les ai interrogés, et je t’assure que ce n’est pas difficile de leur faire dire ce qu’ils savent. Car ils répondent à toutes les questions avec une simplicité et une franchise étonnantes.

Ce sont évidemment des gens qui n’ont rien à cacher. Mais le mystère qui enveloppe leur maître n’est guère plus dévoilé à leurs yeux qu’à ceux de la foule.

J’ai voulu savoir d’abord comment ils étaient devenus les disciples du Prophète, et pourquoi ils avaient abandonné Jean.

— C’est que Jean, m’a répondu l’un d’eux, n’était qu’un précurseur. C’était un grand prophète, et notre bonheur était d’aller l’entendre quand il prêchait à Béthabara. Il nous disait de belles et grandes paroles. Mais il nous avertissait en même temps que quelqu’un venait après lui qui était bien plus grand que lui.

Et quand nous lui demandions s’il était, lui, le Messie attendu, il nous répondait : Non.

Or, un jour que nous étions avec lui à Béthabara, celui-ci et moi…

— Je l’interrompis pour savoir leurs noms.

— Celui-ci est André, me dit-il, et moi, je me nomme Jean.

Un jour donc que nous étions près de notre maître, Jean le Baptiste, Jésus de Nazareth passa près de nous ; et Jean tendant la main vers lui,