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LE CENTURION

témoignage ne leur plaisait pas. Mais les injures ne sont pas des raisons.

— Est-ce que vous aussi êtes Galiléen ? dit ironiquement Éléazar, fils d’Anne.

— Éléazar, reprit Nicodème, je n’ignore pas le sens injurieux que vous attachez à ce titre de Galiléen. Mais vos ironies ne m’atteignent pas. Je ne suis pas Galiléen ; et je ne suis pas non plus prêtre, et fils de Grand-Prêtre, comme vous. Je ne vis pas, moi, de la religion, ni du temple, ni des revenus qu’il assure au sacerdoce ; et c’est pourquoi le succès de Jésus de Nazareth ne peut me nuire, ni me servir.

« Vous le savez tous, Sanhédrites, je suis indépendant de fortune, et je n’ai nulle ambition politique ou sociale à satisfaire. Jésus de Nazareth, s’il n’est qu’un homme, ne peut rien contre moi, ni pour moi. Mais je reconnais qu’il peut beaucoup contre vous, prêtres et scribes, et je me rends très bien compte de votre animosité contre lui. (Interruptions et cris).

« Vous redoutez une évolution religieuse, l’institution d’un nouveau sacerdoce, un culte nouveau qui abolisse les sacrifices sanglants, et qui vide le Trésor du Temple ? (Cris).

« Ne criez donc pas ; j’allais ajouter que vous avez raison. Oui, vous avez raison de craindre pour votre avenir. Le nouveau sacerdoce est institué ; le nouveau culte s’affirme ; l’évolution religieuse se fait, et réunit déjà un très grand nombre de disciples.