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LE CENTURION

Cela voulait dire : vous n’avez pas à vous enquérir de l’offense que cet homme a commise. Nous l’avons, nous, jugé coupable, et, tout ce que nous vous demandons, c’est de ratifier la sentence et de faire exécuter la peine capitale.

C’était rabaisser singulièrement l’autorité du gouverneur, et lui faire jouer le rôle d’un exécuteur des hautes œuvres, et non d’un juge.

Ce n’était pas ainsi que Pilatus, qui avait des connaissances de droit romain, entendait administrer la justice. Il prétendait bien ne condamner personne sans s’enquérir de l’offense, et sans entendre l’accusé.

Mais si les Juifs voulaient procéder autrement, il leur refuserait tout simplement son ministère.

Prenant à son tour un ton hautain, il leur dit donc :

— Eh ! bien, alors emmenez-le, jugez-le, et mettez à exécution vos propres lois.

Cette réplique par laquelle Pilatus se dessaississait de la cause de Jésus était à la fois ironique et habile. Elle déjouait le complot homicide des Sanhédrites, et sauvait Jésus de la mort. Car tout ce que leurs lois leur permettaient depuis la conquête, c’était de faire fouetter Jésus pour son prétendu blasphème.

Or ce qu’ils avaient comploté, et ce qu’ils voulaient obtenir à tout prix, c’était sa mort, et le gouverneur seul pouvait ratifier et faire exécuter la sentence capitale.