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LE CENTURION

La douleur les absorbait. C’est dans leur amour qu’ils souffraient ; et sans se préoccuper des futurs mystères, ils persistaient à croire que tout n’était pas fini ; et ils attendaient ce qui allait venir, et qui était encore l’inconnu pour eux.

La victoire de la mort n’était donc pas complète. Elle avait tué l’être aimé, mais l’amour qu’il avait inspiré était resté vivace dans le cœur des hommes. Il y avait même grandi ; et plusieurs, comme Gamaliel, Nicodème, Claudia et Camilla, n’avaient compris qu’après sa mort combien leur cœur appartenait au divin crucifié.

Les princes des prêtres eux-mêmes commençaient à douter de leur victoire. Ils s’étaient imaginés que le lendemain de la mort de leur victime serait un jour de réjouissance publique ; mais jamais jour de sabbat n’avait été aussi morne et lugubre.

La désolation semblait régner partout, et le Temple lui-même était désert, à cause des phénomènes effrayants qui s’y étaient accomplis la veille, et que personne ne pouvait expliquer.

La foule des curieux qui était montée au Calvaire la veille en était revenue épouvantée en se frappant la poitrine, et plusieurs se proclamaient les disciples de Jésus, maintenant qu’il était mort.

Sur la route de Césarée, le Procurateur fuyait, profondément troublé de s’être trouvé en face de l’Homme-Dieu : et près de lui chevauchait Caïus, accablé de douleur dans son double amour, mais inébranlable dans sa foi au Crucifié, et décidé à