Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
LE CENTURION

La musique laissait à désirer ; mais la danseuse était séduisante, et son succès souleva l’enthousiasme.

Excité par les copieuses libations que ses échansons lui avaient versées, le roi délirait.

Il fit approcher la belle Salomé pour lui témoigner son admiration, et il lui dit à haute voix, comme Assuérus avait dit à Esther « Demandez-moi tout ce que vous voudrez, et je vous le donnerai, quand ce serait la moitié de mon royaume. »

Salomé courut consulter sa mère sur ce qu’elle devait demander. Elle revint dire au roi « Je demande que vous me donniez à l’instant même dans un bassin, la tête de Jean Baptiste. »

Les convives étrangers furent frappés de stupeur.

Le roi pâlit, mais il comprit bientôt que c’était Hérodiade qui parlait par la bouche de sa fille, et la puissance de cette femme dominait la sienne.

Il fit un signe au chaouch qui se tenait debout auprès de lui et qui sortit de la salle. La danseuse renouvela un de ses pas chorégraphiques à succès.

Et, après quelques minutes le chaouch rentra portant dans un bassin d’agate la tête sanglante du prophète.

Salomé la reçut de ses mains, et s’inclinant en souriant devant Hérode, elle sortit de la salle, emportant l’horrible cadeau à sa plus horrible mère.

Quand je regagnai mon appartement, le banquet dégénérait en orgie.