Aller au contenu

Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

141
albert


Venez voir ce spectacle auquel je vous convie,
Et vous saurez comment un chrétien doit souffrir.
Du serviteur de Dieu vous connaissez la vie ?
Son heure va sonner, venez le voir mourir.

Ce prêtre qui s’en va, courbé sous la souffrance,
C’est Albert, devenu l’apôtre de la Foi,
Jetant depuis dix ans la divine semence
Dans ces vastes déserts dont Satan était Roi !

Depuis dix ans il fait la lutte surhumaine ;
Que, dans tous les pays où la Croix a passé,
Firent les confesseurs de l’Église romaine ;
Et bien des fois pour lui le gibet s’est dressé !

Le Christ a couronné son œuvre apostolique :
Sa parole éloquente a germé dans les cœurs ;
Et partout l’étendard de la Foi catholique
S’élève radieux devant ses pas vainqueurs !

Mais on l’attend au ciel ; et son pèlérinage
Dans les desseins de Dieu déjà touche à sa fin.
Perdu dans la forêt, égaré par l’orage,
Il va périr de froid, de misère et de faim.