Aller au contenu

Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

6
la poétique

le met en communication avec les harmonies supérieures, et lui permet d’en saisir de temps à autre de lointains et fugitifs échos.

Il va sans dire que cet élément spirituel n’est pas également sensible chez tous les hommes. Mais s’il en est qui sont pour ainsi dire des instruments muets, ou qui ne résonnent que sous l’empire d’une impulsion puissante, il en est d’autres — et ce sont les âmes des artistes et des poètes — qui ressemblent à des harpes éoliennes, et que le moindre souffle fait chanter !

Mais, encore une fois, ces chants, ces harmonies, ne sont que des échos, et la poésie n’est qu’une très imparfaite manifestation des relations mystérieuses qui existent entre l’âme humaine et son Créateur.

Sans doute, le monde idéal, comme le monde visible, est immense, et l’inspiration peut jaillir, d’une multitude de sources différentes. La vision poétique peut embrasser une incalculable variété de sujets.

Mais pour nous, chrétiens, toutes ces sources différentes, toutes ces harmonies qui s’élèvent de tous les mondes, doivent converger vers un centre commun, vers un idéal unique, qui est Dieu. Voilà ce qui fait l’admirable unité, et l’incomparable supériorité de la poétique chrétienne. Comme l’a dit Lamartine, dans un moment de véritable inspiration, la