Aller au contenu

Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

79
la mort du christ

Et le seul souvenir de sa sentence inique
Mit un trouble profond dans son cerveau nerveux !

Mais ceux pour qui le Christ avait prié son Père,
Son Père qui des cœurs connaît si bien le fond,
Ceux dont il avait dit à son heure dernière :
« Car il ne savent pas, mon Père, ce qu’ils font »
Furent saisis alors d’un remords salutaire ;
Leur repentir fut tel que Dieu leur pardonna,
Et le flot de la grâce en coulant du Calvaire
Jaillit jusque sur eux et les prédestina !

Mais soudain, audessus du Golgotha tragique,
Le voile ténébreux qui couvrait l’univers
S’entrouvre, et des rayons d’une clarté magique
Inondent le gibet de leurs reflets divers.
Un fleuve de lumière a percé les ténèbres ;
Et, descendant du ciel dans ses flots radieux,
Les Séraphins, vêtus de longs voiles funèbres
Couvrent le Golgotha de leurs cercles pieux.

Satan, à ce spectacle, émerveillé, s’étonne !
Ces légions d’esprits qui vénèrent la Croix,
Et qui forment au Christ une immense couronne,
Ce sont, il s’en souvient, ses frères d’autrefois !
Pourquoi sont-ils ainsi descendus sur la terre ?
Viennent-ils raviver ce cadavre sanglant ?
Lucifer, anxieux, veut sonder ce mystère,
Et reprenant son vol il s’approche en tremblant !