Aller au contenu

Page:Routhier - Montcalm et Lévis - drame historique en cinq actes, avec prologue et six tableaux, 1918.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
acte premier

avaient déjà reçues, et j’ai fait l’éloge de nos troupes. Mais j’ai dit aux ministres de Sa Majesté : cela ne peut pas durer toujours. Plus nos efforts sont grands et glorieux et plus nos forces s’épuisent. Il faudrait remplacer les morts, et fournir aux vivants des munitions et des vivres.

Décimés dans trente batailles, nous n’avons pas retrouvé dans la victoire les forces perdues ; et ce n’est pas la gloire qui peut nous nourrir. Les ennemis sont plus nombreux et plus forts que jamais. Ils ont des vaisseaux de guerre, et nous n’avons pas de marine. Dès le mois de mai prochain, ils entreront dans le fleuve Saint-Laurent comme chez eux. Québec tombera fatalement en leur pouvoir si des secours puissants en hommes, en munit ions, et en vivres ne nous sont pas envoyés.

— Quelles forces voulez-vous donc, m’a dit M. Berryer, le ministre de la marine.

— Dix mille hommes, (ai-je répondu) et de quoi les nourrir.

— Dix mille hommes ! y songez-vous ? a repris M. Berryer.

— C’est ce qu’il faudrait pour sauver la Nouvelle-France, et nous serions encore bien inférieurs en nombre à nos ennemis.

— Alors, dit le ministre il faut la sacrifier. Quand le feu est à la maison, on ne s’occupe pas des écuries !