ma patrie. Hélas ! Je sais trop l’accueil qui nous attend dans la mère-patrie, si nous y rentrons vaincus et désarmés. Toutes nos luttes glorieuses seront oubliées, et quand on parlera de nous on dira : ce sont eux qui ont perdu la Nouvelle-France.
Ce sera faux, et souverainement injuste ; mais on le dira quand même ; et la faute de nos gouvernants qui nous abandonnent retombera sur nous.
Il y a vingt ans que je me bats pour la France et que je risque ma vie pour elle. Ne lui ai-je pas payé ma dette ?
Oui, j’ai assez vécu pour la guerre. Il me semble que j’ai mérité, comme les oiseaux migrateurs qui nous reviennent en cette saison, d’avoir aux bords du Saint-Laurent un nid de repos et d’amour.
GISELLE toute grisée par te discours, et emportée par l’admiration s’écrie :
O mon chevalier, que je vous aime !
Scène VIII
Giselle, vous êtes émue ; et l’on dirait que votre chevalier vous a fait pleurer ?