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Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/118

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raison particulière. Au surplus, Monseigneur, c’est un officier qui doit vous être suspect par ce que je viens de dire, et parce qu’il a fait une fortune rapide depuis huit ans, qu’on lui donne deux millions. »[1]

Dans sa lettre confidentielle du 31 août 1758 au ministre de la guerre, le maréchal de Belle-Isle, l’honnête M. Doreil écrivait :

« J’ai eu l’honneur de vous annoncer M. Péan du 12 de ce mois : regardez-le, Monseigneur, comme une des premières causes de la mauvaise administration et de la perte de ce malheureux pays. Je vous ai dit qu’il était riche de deux millions : je n’ai osé dire quatre : quoique d’après tout le public je le pouvais. Ses richesses ne me portent pas plus d’envie que celles de beaucoup d’autres, mais j’en gémis par amour pour les intérêts et pour le service de mon maître ».[2]

Dès avant la chute de Québec, Péan avait songé à aller jouir de sa belle fortune en France. En effet, le 16 mars 1758, il avait vendu sa superbe propriété de la rue Saint-Louis, à Québec, au chirurgien Arnoux pour la somme de 30,000 livres. Cependant, il ne devait livrer sa propriété qu’à son départ pour la France. En effet, madame Péan habitait encore son bel hôtel de la rue Saint-Louis,

  1. Dussieux, Le Canada sous la domination française, p. 358.
  2. Dussieux, Le Canada sous la domination française, p. 362.