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Page:Roy - Romanciers de chez nous, 1935.djvu/120

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ROMANCIERS DE CHEZ NOUS

comme le théâtre nécessaire, le décor où se meuvent les héros du roman. C’est au milieu de ces campagnes, c’est dans ces villes de Galilée et de Judée que le Messie va apparaître, faire des miracles, conquérir ou ameuter les multitudes. Et l’auteur a donné grand soin aux chapitres où il met en scène Jésus, et où il raconte les gestes rédempteurs : trois pastorales, la résurrection du fils de la veuve de Naïm, Jésus au temple, Lazarre, les épisodes de la Passion et du Calvaire, sont quelques-unes des pages où apparaît en pleine et en meilleure lumière la personne du Prophète.

Et disons tout de suite, à la louange de l’auteur, que le Christ qui se dessine à travers les pages du roman, qui y parle et qui y agit, est bien le Christ que nous avons appris à connaître et à aimer dans l’Évangile. Des romanciers récents, en Allemagne, par exemple, ont essayé de créer un Messie conforme à leurs théories étranges, et ils ont défiguré le Christ catholique. Le Messie de M. Routhier est le Christ traditionnel, celui-là même qu’il a voulu montrer et qu’il adore. D’ailleurs, comme il est singulièrement dangereux de toucher à la tradition quand il s’agit de la personne et des paroles et des actes de Jésus ! Et l’Évangile, si simple, si intelligible pour les humbles et pour les sincères, restera toujours le livre véritable où se découvre dans une clarté toute sereine et pure la divinité du Maître.

M. Routhier a donc simplement feuilleté et raconté l’Évangile. Il montre Jésus aux derniers mois de sa vie publique, et il place sur son chemin les personnages du roman. À partir du triomphe éphémère qui commence la dernière semaine, nous suivons presque pas à pas le récit biblique ; l’auteur n’ose guère mêler les fantaisies de l’imagination à des scènes qui ont déjà pris dans l’esprit du lecteur leur forme définitive.

Quelquefois, cependant, et malgré tant de réserve, M. Routhier a jeté ici ou là quelques détails qu’il imagine et qui inquiètent notre curiosité. Il affirme, par exemple,