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Page:Roy - Romanciers de chez nous, 1935.djvu/126

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ROMANCIERS DE CHEZ NOUS

tous les feux qui la font étinceler. Elle miroite sous le soleil d’Orient, et son vif éclat emplit les yeux d’une lumière qui ne fatigue jamais. Nous voudrions citer telle ou telle phrase qui, ici ou là, se détache comme des joyaux d’une riche parure.

Sans doute, ce style si surveillé, si volontairement soucieux de plaire, ne saurait être lui-même impeccable. L’on pourrait signaler certaines incohérences d’images, quelques comparaisons obscures, ou impropres, des épithètes qui n’ajoutent pas assez à la pensée ; mais qu’est-ce que ces fautes de détail, et dans quel livre n’en pourrait-on pas relever de semblables ? Le style de M. Routhier est un des meilleurs qu’il y ait dans nos livres canadiens, et il faut le dire et le retenir.

M. Routhier écrit bien la langue de son temps, de son siècle, il vient de le prouver encore une fois : et nous permettra-t-il de l’ajouter, dans un livre comme Le Centurion, il l’a trop continûment démontré.

Le livre qu’il écrit nous reporte à vingt siècles du nôtre ; il décrit les usages, les mœurs d’une société bien différente de celle d’aujourd’hui ; il reproduit les conversations de personnages qui ont causé sous Tibère et sous Ponce Pilate ; et l’on aimerait que le vocabulaire de l’auteur nous donnât davantage l’impression des choses et des idées anciennes. La couleur locale — Brunetière s’est moqué de ce mot — est pourtant nécessaire dans le roman historique, et qu’est-ce autre chose, en somme, que la vraisemblance ? Vous reconstituez des civilisations disparues, vous voulez nous en donner la vision directe : comment le feriez-vous donc si vous ne placez d’abord sous nos yeux des tableaux qui soient tout chargés de ces choses lointaines ? si ces choses ne sont pas racontées, décrites avec les mots, les expressions qui les font à la fois, pour le lecteur, vieilles et nouvelles, avec les tours et les vocables qui posent sur chaque objet le cachet, la teinte, la nuance et comme la poussière ou le parfum de l’antiquité ? Les mots sont si capables de