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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/127

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Il n’y a qu’un rucher bien fermé, ou des surtouts attachés solidement à la table des ruches, tels que ceux de M. Palteau, qui puissent prévenir & arrêter les ravages & les rapines des renards. Les provisions des abeilles sont pour eux une nourriture très-délicate, dont ils sont extrêmement gourmands. Ils emploient la ruse & la force pour satisfaire leur appétit ; ils renversent les ruches exposées à leur voracité, avec leur museau qu’ils passent par l’ouverture, & qui soulève la ruche & la culbute. C’est ordinairement la nuit qu’ils choisissent pour faire leur vol avec plus de sûreté : dans les cantons voisins des bois, où ils se retirent & se cachent pendant le jour, on est souvent exposé, de leur part, à une visite nocturne ; il est bon, par conséquent, de se préparer à les recevoir : on a pour cet effet des trapes connues de tout le monde sous le nom de traquenard ; on les place sur leur passage, aux environs des ruches, & ils vont s’y prendre par les pieds.


CHAPITRE VI.

Des circonstances où il faut pourvoir les Abeilles de provisions ; quelle espèce de nourriture il faut leur donner et de quelle manière.


Section première.

Quel est le tems où les Ruches peuvent manquer de provisions, & comment peut-on connoître leur indigence.


Les ruches peu fournies d’abeilles, & qui ont peu de provisions, ne sont pas toujours les seules qu’on soit obligé de nourrir : il peut arriver que des ruches très-peuplées aient aussi besoin qu’on les assiste, lorsque le printems a été pluvieux, & qu’elles n’ont point pu faire leur récolte, ou qu’un été très-sec, qui n’offre presque aucune provision, occasionne une disette parmi les abeilles, ou que d’autres circonstances les réduisent à n’avoir pas leurs magasins fournis des choses qui leur sont nécessaires pour passer l’hiver : dans tous ces cas, c’est à nous à connoître leurs besoins, à les prévenir & à suppléer au défaut de provisions dont elles manquent, à moins qu’on ne veuille être témoin de leur indigence, & les voir périr de misère. La fin de l’été, la sortie de l’hiver sont à-peu-près les époques où les abeilles sont exposées à manquer de provisions dans leur domicile, surtout après l’hiver, lorsqu’il y a eu en Janvier ou dans les autres mois une suite de beaux jours, parce qu’alors elles se sont réveillées de leur engourdissement, ont pris de l’appétit par les mouvemens qu’elles se sont donnés pour sortir, & ont par conséquent fait une plus grande consommation qu’on n’avoit lieu de l’attendre. Ce n’est pas à la fin de l’automne qu’il faut pourvoir les abeilles qui sont dans l’indigence : quand elles ne sont point placées dans les cantons où l’on cultive beaucoup de sarrasin & de navette, qui sont pour elles d’une grande ressource ; après un printems pluvieux & un été stérile par la sécheresse ; dès la fin du mois d’Août, ou pour le plus tard les premiers jours de Septembre, il faut leur donner les provisions dont