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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/133

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la belle saison, la grande fécondité de la reine fortifiera la ruche, en augmentant la population, & que les abeilles soutenues & animées par cette espérance, ne seront point effrayées d’un vaste domicile, dépourvu de provisions ; & que leur courage & leur ardeur pour le travail les porteront à faire leur récolte, jusqu’à ce que le nouveau peuple qu’elles attendent, vienne partager leurs travaux, & les aider à remplir leurs magasins. Outre ces considérations qui doivent engager à différer ce changement, il faut encore observer qu’on perdroit le couvain, qui est capable lui seul de réparer les pertes qu’on voudroit prévenir. Quand le mois de Juillet est passé, & qu’il n’y a plus par conséquent de récolte à faire pour les abeilles, ni d’essaims à attendre, on doit alors réunir les ruches foibles, afin de les disposer à passer l’hiver sans danger. Après avoir changé les abeilles de domicile, il ne faut point s’emparer des provisions qu’on les a obligées de laisser ; on doit, au contraire, les remettre dans leur nouvelle habitation, & même y ajouter du miel, si elles n’étoient pas suffisantes pour les conduire jusqu’au printems. On attache les gâteaux de l’ancienne ruche dans la nouvelle, avec des chevilles qui passent & traversent ceux qui y sont ou qu’on y met.


Section III.

Quelle est la manière de transvaser les Ruches.


Pour transvaser les ruches, il faut choisir un beau jour, & être fondé à espérer qu’il y en aura plusieurs qui se succéderont. Si l’on a des indices que la ruche qu’on veut transvaser, essaimera, on attend que l’essaim soit parti, & après l’avoir reçu dans une ruche, on y fait passer les anciennes : on choisit ordinairement le matin pour faire cette opération, afin de profiter du moment où les abeilles sont plus tranquilles, & pour qu’elles puissent reconnoître leur nouvelle demeure, & aller tout de suite chercher dans la campagne de quoi vivre.

Lorsque les ruches qu’on veut transvaser, sont des paniers d’osier ou de paille, ou des caisses longues, c’est-à-dire, des ruches selon l’ancienne méthode, dès la veille du jour qu’on veut faire ce changement, on détache le soir fort doucement la ruche de dessus sa table, en ôtant avec un couteau le pourjet qui l’y tenoit collée. Pour que les abeilles soient plus engourdies, & moins en état de troubler par leurs piquûres, on peut renverser la ruche sur son côté, & la laisser pendant la nuit dans cette situation. Le lendemain de très-grand matin, on prend la ruche vuide qu’on a dû préparer, en la nettoyant, & la frottant intérieurement avec des herbes d’une bonne odeur, afin de la rendre agréable aux abeilles ; on la place dans les traverses d’une chaise, ou de toute autre manière, pourvu qu’elle ne soit point exposée à être renversée, & de façon que son embouchure se trouve en haut : on prend ensuite celle où sont les abeilles qu’on veut déloger, & on la met sur celle qui est vuide, de sorte que les deux grandes ouvertures soient abouchées l’une sur l’autre. Comme il arrive que ces