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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/137

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linge, ou sur une natte qu’on place au bas de la ruche où sont leurs compagnes ; le soleil, qui donnera dessus, les séchera, & leur rendra la force d’aller les retrouver. Quand on fait cette opération en été, il n’y a rien à craindre pour les abeilles, pourvu qu’on ait l’attention de plonger la ruche doucement & à diverses reprises, afin de donner le tems à celles qui sont sur les gâteaux, de trouver des issues pour s’échapper de l’inondation qui les menace. On conçoit que s’il y avoit dans la ruche du couvain qu’on voulût ménager, cette immersion ne seroit pas praticable. Si le soleil ne donnoit pas assez de chaleur pour sécher promptement les abeilles qu’on auroit retirées de l’eau, il faudroit les mettre dans un panier, en fermer l’ouverture avec une toile de canevas, & les présenter devant le feu ; & après qu’elles seroient sèches, on porteroit le panier devant la ruche, & on ôteroit la toile qui les tenoit renfermées, afin qu’elles eussent la liberté d’aller retrouver leurs compagnes.

Le vent qu’on excite avec un soufflet, est un moyen qui oblige les abeilles de déloger ; cette opération, plus douce pour elles, est bien plus longue que la précédente. Après que la ruche où sont les abeilles a été renversée, & qu’on a placé au-dessus celle où on veut les établir, on introduit au sommet de celle qui est au-dessous, dans un trou qu’on a dû faire pour cet effet, le tuyau recourbé d’un soufflet qu’on fait agir continuellement : les abeilles, inquiétées par ce vent continuel, cherchent à se mettre à l’abri de ce petit orage, & montent peu-à-peu dans la ruche supérieure.

La fumée est un moyen plus efficace pour forcer les abeilles de déloger promptement, sans cependant leur nuire, quoiqu’elle soit capable de les étourdir pour quelques instans. On place à un trou fait au sommet de la ruche qui est en dessous, le tuyau d’un entonnoir, devant lequel on met un réchaud où brûlent quelques vieux linges, ou simplement de la bouse de vache qui est sèche ; avec un soufflet, on dirige la fumée dans l’embouchure de l’entonnoir ; elle s’étend d’abord au bas de la ruche ; & comme le soufflet agit toujours pour l’introduire par l’entonnoir, elle s’élève peu-à-peu ; les abeilles les plus obstinées abandonnent leurs ouvrages, & vont s’établir dans la ruche supérieure, où sa fumée n’a pas encore pénétré. Au lieu de faire brûler le linge dans un réchaud, dont on ne dirige pas toujours la fumée comme on le desire, on pourroit mettre un grillage dans l’embouchure de l’entonnoir, à un pouce de distance du commencement du tuyau, & contre lequel on mettroit un bouchon de vieux linge avec un charbon ardent ; avec un soufflet, on exciteroit le feu, & la fumée entreroit nécessairement toute par le tuyau de l’entonnoir, étant toujours repoussée par le vent qu’exciteroit le soufflet.

M. Vérité, de la Ferté-Bernard, peu content de toutes ces manières d’obliger les abeilles de quitter leur logement, a imaginé une machine fumigatoire, propre à porter la fumée dans l’intérieur des ruches : en voici la description,