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l’ame, & tantôt attaquent & détruisent lentement, après des souffrances très-longues, les sources de la vie.

La plupart des maladies des femmes en couche, viennent de l’abus que l’on fait des remèdes incendiaires, tels que du vin chaud sucré, chargé de particules aromatiques, & des liqueurs spiritueuses mêmes. L’on voit avec douleur que le raisonnement puisé dans l’expérience de tous les siècles, & que les observations des gens sages & éclairés, qui n’ont que le bien public pour objet sacré de leurs veilles, sont sacrifiés légèrement & sans examen, à l’ignorance, à l’esprit de systême & à l’entêtement.

Puissent nos conseils, & les événemens malheureux qui suivent ces méthodes meurtrières, dessiller enfin les yeux aveuglés, & démontrer que, pour éviter & pour combattre les dangers, il ne s’agit pas de multiplier les médicamens, mais qu’il ne faut que s’attacher à la connoissance des causes des accidens, laquelle conduit sûrement au choix des moyens simples & puisés dans la nature.

Les maladies qui procèdent des abus que l’on commet ordinairement dans le régime des femmes en couche, sont, 1o. les pertes de sang considérables, les sueurs même de sang ; 2o. l’inflammation de la matrice ; 3o. la suppression des lochies (nom que l’on donne aux écoulemens qui suivent l’accouchement) ; 4o. les ravages du lait, tels que les dépôts dans les différentes parties extérieures & intérieures du corps, les engorgemens laiteux au sein, l’apoplexie laiteuse, les convulsions & la paralysie ; 5o. la fièvre miliaire des femmes en couche ; 6o. enfin, les maladies qui sont les suites de celles que nous venons de nommer, telles que la consomption & la phtysie. Jetons un coup d’œil sur quelques-unes de ces maladies principales.

1o. Des pertes de sang.

Quand elles sont légères, le repos & la diète suffisent pour en diminuer la quantité ; mais si elles deviennent excessives, il faut recourir aux moyens que nous avons proposés, par anticipation, dans les pertes qui naissent peu de tems après la délivrance, dans la division de cet article qui a pour titre, Pendant l’accouchement ; ces moyens sont d’exposer à l’air, d’appliquer sur le ventre des compresses trempées dans l’eau & dans le vinaigre, d’injecter même dans la matrice, & dans la dernière extrémité d’introduire de la glace.

2o. Inflammation de la matrice.

Cet état se connoît par des douleurs très-aiguës dans toute la capacité du ventre, surtout vers la région de la matrice, lesquelles croissent, quand on y porte la main, par un gonflement considérable, par une tache rouge au nombril, dans le principe, & qui noircit quand le mal s’accroît ; dans ce dernier état, le visage est altéré, les foiblesses & le délire s’emparent de la malade, le pouls est foible & dur ; s’il persiste, on voit paroître le hoquet, l’évanouissement, signes qui annoncent le plus pressant danger. Dans le cours de cette maladie, il existe une perte légère d’une eau roussâtre & fétide, de fréquentes envies d’aller à la selle, souvent des ardeurs d’urine, & quelquefois la suppression,