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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/320

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ne pourroient que l’égarer dans les plaines immenses de l’Océan ; mais il porte avec lui un indicateur fidèle qui l’avertit sans cesse de sa direction par rapport à la marche qu’il doit tenir. Cette machine ingénieuse connue sous le nom de compas de mer, & plus communément de boussole, est composée d’une feuille de carton circulaire, nommée rosette, de cinq à six pouces de diamètre, & quelquefois plus, divisée en trois cent soixante parties ou degrés. Sur ce carton, sont tracées les directions des trente-deux vents. Par-dessous est attachée une lame d’acier aimantée, portant au milieu une chape qui sert à placer la rosette sur un pivot. La lame aimantée est disposée de façon que son pôle nord répond immédiatement à la fleur de lis de la rosette qui marque le nord. Cette machine est renfermée dans une boîte suspendue de façon que les mouvemens du vaisseau ne peuvent pas lui faire quitter sa situation horizontale. Plusieurs auteurs font honneur aux françois de l’invention de la boussole ; d’autres à Florius Goia qui vivoit dans le treizième siècle ; d’autres enfin veulent que nous en soyons redevables aux orientaux ou aux chinois. Il est difficile de prononcer ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que nos pilotes en faisoient usage au douzième siècle, & qu’à toutes les rosettes de boussole de différentes nations, le nord est toujours marqué par une fleur de lis. L’aiguille aimantée d’un graphomètre & de tout autre instrument d’arpentage qui porte une boussole est essentiellement la même. Elle a les mêmes propriétés, quoi qu’elle ne serve pas absolument aux mêmes usages, mais elle a aussi les mêmes défauts qui sont la déclinaison & l’inclinaison.

Il y a très-long-tems que l’on a observé que l’aiguille aimantée ne se dirigeoit pas constamment vers le point du nord, qu’elle varioit, tantôt à l’est, tantôt à l’ouest, & qu’il paroissoit que sa position dans tel ou tel endroit de la terre y influoit nécessairement. Ce phénomène paroît d’autant plus étonnant, qu’il varie continuellement ; car en 1640, l’aiguille se dirigeoit à huit degrés vers l’est ; en 1666, elle étoit droit au nord : elle a depuis décliné vers l’ouest, de sorte qu’en 1763, sa déclinaison étoit d’environ dix-huit degrés & demi. Pour Paris, elle étoit en 1773 de vingt degrés ; depuis deux ans, elle paroissoit constante, mais au mois d’Août 1776, elle étoit de vingt degrés trente minutes, selon les observations de M. le Monnier.

Le second défaut de l’aiguille aimantée est cette tendance qui la détermine à incliner une de ses extrémités vers un pôle, comme si elle étoit plus pesante de ce côté-là. C’est ce que l’on nomme inclinaison. Cette inclinaison varie suivant la situation de l’aiguille, Dans notre hémisphère, elle s’incline vers le pôle boréal, & dans l’autre elle se porte vers le pôle austral. Cette inclinaison est nulle à l’équateur, & elle augmente à mesure que l’on avance vers les pôles du monde. On remédie à ce défaut par le moyen d’un petit poids qui glisse sur l’aiguille aimantée.

La propriété magnétique qui a été la première connue, est celle par laquelle l’aimant attire un autre