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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/36

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triangulaire qu’on nomme la palette ; son côté extérieur est uni, luisant, & ses rebords sont garnis de poils très-pressés les uns contre les autres ; c’est une espèce de corbeille destinée à recevoir la matière à cire que l’abeille ramasse. La quatrième pièce des jambes de la seconde & troisième paire, qu’on nomme la brosse, est applatie & également large ; le côté extérieur est uni, & l’intérieur est couvert de poils disposés parallèlement les uns aux autres, comme ceux des vergettes dont on se sert pour ôter la poussière des habits : cette quatrième partie, dans les jambes de la première paire, est arrondie & un peu fournie de poils ; c’est avec ces brosses que l’abeille passe sur tout son corps, qu’elle ramasse la poussière des étamines qui est arrêtée dans les poils dont il est couvert.

Le corps ou le ventre de l’abeille qui tient au corcelet par un étranglement très-court, est composé de six anneaux, & chaque anneau de deux pièces écailleuses qui sont en recouvrement l’une sur l’autre. La disposition de ces anneaux procure au corps de l’abeille toute la souplesse qui lui est nécessaire, & met toutes les parties charnues à couvert des traits de l’aiguillon. Les poils qu’on apperçoit sur tout le corps de l’abeille sont en petit nombre, relativement à ceux qu’on découvre lorsque la vue est aidée d’une forte loupe ; on en voit alors sur les yeux à réseaux, sur les ailes, principalement sur leurs membranes, où certainement on n’en auroit pas soupçonné. L’intérieur du corps ou ventre de l’abeille renferme les deux estomacs destinés à recevoir, l’un le miel & l’autre la cire : le premier, qui est celui où le miel est contenu, est placé au bout du corcelet, où vient aboutir l’œsophage, après l’avoir traversé dans toute sa longueur ; de sorte que ce premier estomac paroît une continuation de l’œsophage, qui augmenteroit de capacité au bout du corcelet ; il n’est renflé que quand il est plein de miel ; s’il est vuide, son diamètre est égal dans toute sa longueur, & il ne paroît alors qu’un fil blanc très-délié qu’on prendroit pour l’œsophage. Lorsqu’il est bien rempli de miel, il a la figure d’une vessie oblongue, dont les parois, minces & transparentes, laissent distinguer la couleur de la liqueur qu’il contient. M. Maraldi semble n’avoir pris cet estomac que pour une simple vessie ouverte par un bout : Swammerdam & M. de Réaumur l’ont désigné comme un véritable estomac dans lequel le miel est préparé.

Le second estomac n’est séparé du premier que par un étranglement très-court ; sa forme est celle d’un tuyau cylindrique contourné : dans toute sa longueur, il est entouré de cordons charnus, qui sont des muscles circulaires à-peu-près disposés comme les cerceaux qui couvrent un tonneau d’un bout à l’autre, & il est séparé des intestins par un étranglement. Le premier estomac ne contient jamais que du miel ; la cire est dans le second : Swammerdam a confondu ce second estomac avec un intestin qui ressemble au colon ; la matière qu’il en a vu sortir après l’avoir percé, étoit la cire brute qu’il contenoit ; il la désigne