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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/418

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capables de déranger le cordeau, de l’éloigner de la ligne droite, ainsi que les pieds des ouvriers. Que l’on se serve du cordeau ou des piquets, il convient, de tems à autre, de donner quelques coups d’équerre, afin de s’assurer qu’on est dans la ligne droite, & que les piquets n’ont pas été dérangés.


ALIMENT. Toutes les substances qui entrent dans le corps humain, sous quelque forme qu’elles soient, sans en changer l’état naturel, qui se convertissent en sa propre substance, qui le soutiennent, le nourrissent, & réparent les pertes continuelles qu’il fait, se nomment alimens. Le méchanisme de cette opération merveilleuse nous est encore inconnu à bien des égards. L’aliment diffère du médicament, en ce que ce dernier change lorsqu’il pénètre dans le corps, son état présent, ne le nourrit pas, & chasse au dehors la cause des maladies, sans pouvoir s’identifier avec les différentes parties qui composent le corps humain.

On tire les alimens des deux premiers règnes de la nature, On ne doit pas faire usage des alimens de la même nature, & à la même quantité, dans toutes les circonstances de la vie ; on doit les varier en raison de l’âge, du sexe, de l’état, du tempérament, des saisons & des maladies.

1o. En raison de l’âge.

Dans la jeunesse (nous renvoyons à l’article Enfant tout ce qui a trait à cet âge), ce tems brillant de la vie où le corps chemine d’un jour à l’autre vers l’accroissement, & fait en même-tems des pertes considérables par les exercices violens de toute espèce ; il est important que les réparations soient en proportion des pertes, autrement l’accroissement se rallentit ; & semblable à la fleur qui ne reçoit pas de la terre une quantité suffisante de sucs nourriciers, le corps de l’homme se fane dans son printems, & ne tarde pas à se flétrir.

Dans la vieillesse, le corps décroît insensiblement ; & si l’on fait usage des alimens à la même quantité, ces alimens qui n’ont plus de pertes à réparer, ni d’accroissement à favoriser, deviennent des corps étrangers, donnent naissance à toutes les infirmités de cet âge, & de la paisible soirée de la vie, en font des nuits d’angoisses & de douleurs.

L’inconséquence de l’espèce humaine est telle que les vieillards, quoique bien instruits des suites fâcheuses de l’incontinence à leur âge, s’y livrent avec un acharnement qui dégénère en passion ; & malgré leur attachement à la vie, ils en abrègent la durée par leur conduite irraisonnable.

2o. En raison du sexe.

L’être qui, par sa constitution vigoureuse, est appelé par la nature à des travaux pénibles, doit faire usage d’alimens plus succulens, & en plus grande quantité que l’être foible qui a plutôt des occupations que des travaux. Ceci regarde les villes ; mais à la campagne, tout change : la femme ne rougit pas d’être la compagne de l’homme, & de partager son travail & ses sueurs :