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le rapprochement des tableaux météorologiques. L’abbé Toaldo a tenté ce travail, & les découvertes qu’il a faites en ce genre nous assurent de la réussite pour ceux qui voudront suivre sa marche. Ce n’est pas jusqu’aux planètes, ni à ces étoiles que des millions de lieues séparent de nous, qu’il faut remonter pour chercher une influence imaginaire ; ce sont les simples météores qui versent cette véritable influence. À chaque instant nous en reconnoissons les traces. Nous en avons déjà assez, suivant cet illustre observateur, pour établir dans la pratique, non-seulement des règles de fait, mais encore des règles de prévoyance ou de conjecture.

Le baromètre nous a fait connoître en général que la pesanteur de l’air varie selon la différente élévation des lieux au dessus du niveau de la mer ; que l’air pèse quelquefois moins, lorsqu’il est chargé de nuages, de vapeurs, & que l’atmosphère est humide ou pluvieuse, que lorsque le tems paroît serein ; que la chaleur agissoit plus efficacement sur les fluides dans les endroits où l’air pesoit moins, & que cette action cependant ne concouroit pas au bien de l’économie animale & végétale, en proportion de la raréfaction de l’air. Au contraire, plus sa légèreté devient grande, plus la respiration devient difficile : la circulation du sang se ralentit ; les plantes mêmes, dans les lieux où l’air est trop raréfié, comme sur les hautes montagnes, ont de la peine à germer, elles n’y croissent pas, ou elles y périssent bientôt. La chaleur, les exhalaisons nutritives, le poids de l’air si nécessaire à la circulation de la séve, leur manquent. De ces observations & de ces règles de fait, le cultivateur en conclut qu’il ne doit pas entreprendre de grands travaux sur les montagnes, parce qu’ils y seroient infructueux ; que les collines conviennent mieux ; qu’il faut abandonner tout ce qui est un peu trop élevé, aux bois & aux pâturages qui viennent sans soins & qui paroissent aimer ces situations.

Le thermomètre apprend le degré de chaleur d’un climat, d’une position, & par-là on connoît quelles plantes étrangères on peut utilement cultiver dans le nôtre. On compare par son moyen, (ce qui est très-important) la température d’une année avec celle d’une autre. On voit qu’elle ne dépend pas d’un degré de chaleur ou de froid qui s’est fait sentir dans certains jours, mais de la continuité de la chaleur ou du froid. En calculant & comparant, on s’apperçoit que les années qui ont été abondantes en jours sombres, humides, pluvieux, sont en général les plus stériles. L’observateur conclut de-là que la chaleur est la mère des générations ; que par conséquent, il doit multiplier ses efforts & ses soins quand elle manque ; tâcher surtout d’échauffer les terres par des engrais chauds, &c. en chasser l’humidité par des fossés, des rigoles, &c. débarrasser les champs des bois qui les couvrent & empêchent le soleil d’échauffer la terre, &c.

L’hygromètre, en annonçant à peu près l’humidité & la sécheresse de l’air, peut être de la plus grande utilité pour l’économie domestique.

La mesure de l’eau qui tombe en pluie, en neige, en rosée, &c. annonce si l’année est humide, & dans