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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/478

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que du vieux bois & des pousses chiffonnes, c’est le cas de le rajeunir, ou en rabaissant de quelques pieds ses vieilles branches, ou en les enlevant tout-à-fait. Pour peu que l’arbre ait conservé de vigueur, des boutons à bois perceront la vieille écorce, & donneront des branches nouvelles.

Quelques amandiers, sur-tout ceux qui sont plantés dans les terrains gras ou trop bien cultivés, ne donnent que des boutons à bois, & ne fleurissent point. Dans le premier cas, du sable ajouté en grande quantité à la terre forte, lui fera donner du fruit ; & dans le second, moins de culture produira le même effet. Les anciens auteurs sur l’agriculture conseillent la perforation de l’arbre. Il est constant que cette opération détourne une grande partie de la séve ; mais ne nuit-elle point à la durée de l’arbre ? ne vaut-il pas mieux le laisser vieillir ? & lorsque ses canaux séveux seront plus oblitérés, lorsque la séve montera avec moins d’abondance & moins de vélocité, alors les fruits paroîtront & dédommageront avec usure du tems qu’on a mis à les attendre.

Le gui, (voyez ce mot) plante parasite & vorace, s’attache quelquefois sur les branches de l’amandier. Une seule de ces plantes suffit pour se multiplier très-promptement sur tous les amandiers des alentours. Dès que le premier brin paroît, il faut rigoureusement l’abattre & creuser dans la substance même de l’écorce, jusqu’à ce que ses racines ou mamelons soient extirpés. Un seul mamelon le reproduiroit de nouveau. Dès qu’on voit du gui sur un amandier, il est sûr que l’arbre est couvert de mousse. C’est sous l’écaille & dans la gerçure de l’écorce, que le vent ou les oiseaux ont déposé la graine du gui, & la mousse entretient l’humidité nécessaire pour sa première végétation : la séve de l’arbre fournit ensuite à son accroissement. Les amandiers des pays chauds & secs, sont en général exempts du gui ; il n’en est pas de même de ceux qui végètent dans les terrains plus humides.

Règle générale, on ne doit jamais employer le fer pour tailler l’amandier, qu’à la fin du mois d’Octobre ; & suivant les climats, au plus tard depuis les premiers jours de Novembre jusqu’au 15 de ce mois.

Autant on recherche pour les bosquets d’agrément les arbres à feuilles panachées, autant on doit détruire dans les cultures d’amandiers les branches à feuilles panachées ; elles souffrent & nuisent à cette espèce d’équilibre assigné par la nature entre les branches d’un arbre. Si un côté domine, l’autre s’affoiblira, & l’arbre aura une forme désagréable qui l’entraînera peu à peu vers sa perte. Si on fait bien attention à la cause de cette panachure, ou à l’emportement des branches d’un seul côté, on verra ou que l’arbre a été taillé à contre-tems, ou que le tronc a souffert du côté dégarni, soit par un coup, par une plaie dans son écorce, ou par l’effet de la gelée. Cette défectuosité provient souvent des racines qui ont été mutilées en travaillant la terre, ou rongées par les insectes, ou endommagées par les