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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/499

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ronné, celui dont les branches forment, avec le tronc, des angles de soixante-dix à quatre-vingt-dix degrés, parce qu’en effet la totalité ressemble alors à une couronne fermée.

Il seroit donc plus avantageux d’abattre les arbres au moment qu’ils se couronnent, & même de prévenir ce moment, si l’arbre en vaut la peine, plutôt que d’attendre la coupe générale de la forêt, ou de la partie de sa division, car alors ce sera un arbre perdu.

Les taillis en bois blanc peuvent rester sur pied huit, dix à douze ans ; cela dépend de la qualité du sol, & par conséquent de la beauté & de la force des pieds, & la coupe des bois durs sera bien réglée à quinze ans, si le terrain est bon.

L’aménagement d’une forêt considérable exige qu’elle soit divisée en plusieurs parties ; & suivant les lieux & les circonstances, il est avantageux d’avoir des coupes à faire chaque année.

L’ordonnance porte de laisser des baliveaux dans les forêts & dans les taillis, & elle en fixe le nombre. Ne seroit-il pas plus profitable aux propriétaires de laisser les baliveaux sur les lisières de la coupe, qu’épars çà & là ? L’ordonnance défend de couper les baliveaux des taillis avant quarante ans, & il est rare qu’à cet âge les branches des baliveaux ne forment des angles de soixante-dix à quatre-vingts degrés. Si, au contraire, on les avoit laissé sur les lisières, par exemple, dans un double rang, ils se seroient soutenus les uns & les autres, les troncs seroient montés plus haut, & les arbres seroient devenus plus branchus, plus feuillés, plus vigoureux. Au contraire, les baliveaux épars ne montent presque plus, & nuisent aux taillis par leur ombre dont ils n’ont pas besoin. Il est très-rare qu’ils fassent, dans la suite, de beaux arbres.

Si, par un accident quelconque, il se fait une clairière dans une forêt, par exemple, de pins, de sapins, &c. les arbres qui avoisinent cette clairière ne s’élèvent plus à la même hauteur que ceux qui en sont éloignés de quelques toises. Ces arbres avoient perdu leurs branches inférieures en grandissant ; ils en poussent de nouvelles aux dépens de la tige, & ils seront les premiers à se couronner. Ce fait s’observe particuliérement dans les forêts de sapin ; & jusqu’à ce que ces branches posthumes se soient multipliées & abaissées à dix ou à vingt pieds près de terre, les arbres de la circonférence souffrent, languissent, & l’élévation de leur tige ne suit pas la même progression que celles des arbres de l’intérieur.

Toutes les plantes quelconques cherchent la lumière, & s’alongent jusqu’à ce que leur sommet y soit parvenu. Placez des pommes de terre dans une cave, par exemple, de cinquante pieds de longueur, & placez-les dans l’endroit le plus éloigné du soupirail, ou de la fenêtre d’où vient le jour ; elles y végéteront, prendront leur direction vers cette fenêtre ; leur tige sera une espèce de filasse blanche, molle, longue de cinquante pieds ; & dès qu’elle pourra recevoir les impressions de la lumière, elle prendra une légère couleur rouge, ensuite d’un rouge plus foncé ; enfin, elle acquerra la