Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Réaumur a trouvé dans la même cellule jusqu’à quatre œufs ; cela arrive surtout quand un essaim est nouvellement logé dans une ruche où il faut qu’il construise promptement ses édifices.


Section III.

De la manière dont les œufs sont placés dans les alvéoles, de leur figure & du tems qu’il leur faut pour éclore.


Les œufs que la reine pond dans les cellules sont appuyés au fond, où un de leurs bouts est collé & attaché par cette humeur visqueuse dont ils sont enduits en sortant de la vulve. Leur longueur est cinq ou six fois plus grande que leur diamètre, & un de leurs bouts qui sont arrondis, est plus gros que l’autre : (Fig. 5, Planc. 1.) c’est par le plus petit qu’ils sont attachés au fond de la cellule. Leur figure est un peu courbe, leur couleur d’un blanc bleuâtre : leur enveloppe est une pellicule très-mince ou une membrane flexible, de sorte que l’œuf, qui l’est aussi, peut être presque plié en deux, & reprendre ensuite sa première figure : à la vue simple, on diroit qu’il est très-uni ; mais aidée du microscope, il paroît ridé d’une manière régulière, & si transparent, qu’il semble être rempli d’une matière aqueuse très-limpide.

Quelques auteurs ont pensé que ces œufs avoient besoin d’être couvés pour éclore ; Pline, qui étoit de ce sentiment, prétendoit que les abeilles les couvoient comme les oiseaux couvent les leurs. Quelques auteurs modernes ont accordé aux faux-bourdons l’emploi de faire éclore ces œufs par la chaleur qu’ils excitent dans la ruche avec le battement de leurs ailes ; & d’autres ont voulu qu’ils couvassent réellement. Swammerdam & M. de Réaumur ont regardé cette opinion comme une puérilité ridicule ; la forme du corps des abeilles ne les rend point du tout propres à cet office. M. de Réaumur a démontré par le moyen du thermomètre, que la chaleur d’une ruche est communément plus grande que celle qu’une poule communique aux œufs qu’elle couve, & qu’elle étoit par conséquent suffisante pour faire éclore ceux des abeilles sans d’autres secours. Dans la belle saison, & lorsqu’il fait très-chaud, le troisième jour après qu’ils sont pondus ils éclosent : cela souffre par conséquent des variations qui sont relatives au degré de chaleur, qui est dans la ruche.


Section IV.

De la forme du ver, de sa situation dans l’alvéole, de sa nourriture, du tems qu’il demeure dans cet état, & comment il en sort.


Un ver d’abeille ne peut être qu’extrêmement petit au sortir de son enveloppe : jusqu’à sa première métamorphose, n’ayant point de pieds, il reste couché & roulé sur lui-même en forme d’anneaux au fond de sa cellule ; (Fig. 4, Planc. 1.) le plan de cet anneau est vertical ; celui au contraire d’un ver de reine est horizontal : ces différentes positions sont relatives à celles des cellules, qui ne sont point les mêmes. L’aliment dont il se nourrit est une espèce de boullie assez épaisse, d’une couleur blanchâtre, dont la qualité est