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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/520

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a son effet propre & particulier, comme elle a ses principes ; le fumier aide leur manifestation, & suivant toute apparence, tous les deux s’aident mutuellement à former cette substance savonneuse qui aide si puissamment la végétation. La marne fournit le sel alcali, & le fumier la matière graisseuse & huileuse.

5o. On voit par la douzième & quatorzième expérience, que les décombres joints à l’argile seule, ou au sablon, ou à la marne, n’ont pas eu un succès soutenu, & par la vingt-unième expérience, ils n’ont pas été aussi favorables à la végétation que d’autres substances terreuses employées pures : leur bon effet est plus sensible, lorsqu’on les mêle avec d’autres matières ; cependant ils conviennent aux terres argileuses, parce qu’ils les rendent plus perméables à l’eau, & les labours rendent ce mélange plus meuble.

6o. Que les terres réputées maigres, considérées dans les vues générales de l’agriculture, seront toujours d’un foible rapport par elles-mêmes, même malgré l’amendement des fumiers, parce qu’elles ne sont pas de nature à conserver de l’humidité aux plantes. En effet, lorsque le sable y est trop abondant, l’eau s’évapore promptement, & les racines y languissent au printems & en été. M. Tillet a obvié à cet inconvénient, en plongeant ses pots quelconques dans la terre ; cette terre recéloit toujours une humidité, & le pot lui-même en empêchoit l’évaporation. Cela est si vrai, que M. Bowles rapporte dans son Voyage d’Espagne, que dans certains cantons de ce royaume, on couvre la terre avec des carreaux qui se joignent les uns aux autres, & que dans le milieu de ce carreau, percé sur la largeur de deux à trois pouces, on plante les choux & les autres légumes, & qu’ainsi ces végétaux n’ont plus besoin d’être arrosés, parce que l’humidité reste concentrée sous le carreau, & ne peut s’évaporer.

7o. Que si les fumiers sont avantageux pour rendre la végétation plus forte, leur utilité n’est cependant pas durable, à moins que des labours multipliés & profonds ne suppléent à l’avantage que les fumiers procurent ; cependant, outre leur manière d’agir comme engrais, ils sont encore favorables à la végétation, parce qu’ils rendent les terres moins compactes, plus divisées, & facilitent aux plantes l’extension de leurs racines.

8o. Plus la terre sera meuble, plus le nombre des racines augmentera si cette terre retient, dans la proportion nécessaire, l’humidité qui lui convient. C’est ce qui a été prouvé par l’expérience du sablon.

Un fait vient encore à l’appui de cette vérité, & prouve combien l’humidité seule, & sur-tout celle qui se communiquoit aux pots par la terre dont ils étoient environnés, influoit sur la végétation. M. Tillet, pour montrer à l’académie assemblée, un échantillon des épreuves les plus décisives dont il lui avoit rendu compte, fit, au mois de Juin 1774, transporter sous ses yeux un des pots qui contenoit seulement des retailles de pierre, & qui cependant portoit une des plus belles touffes de blé, obtenue de ses diverses expériences. Les épis étoient en pleine fleur, & promet-