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ces tumeurs qui sont tellement dures, qu’on les prendroit pour des os durcis & gonflés. Quelquefois ces tumeurs sont inégales ; & dans ce cas, c’est que les capsules sont rompues, & que la synovie s’est répandue dans les parties qui avoisinent l’articulation ; elles sont alors très-grosses. Pour l’ordinaire ces tumeurs sont égales & sans douleur, parce que l’épanchement de la synovie se faisant insensiblement par degrés, la capsule & les tendons se prêtent de même, par leur élasticité, au développement.

Mais quand l’ankilose se forme promptement à la suite d’une inflammation vive, la douleur qu’éprouve le malade est très-forte, les tuniques de la capsule se rompent, parce qu’elles n’ont pas eu le tems de céder par degrés, l’inflammation gagne les parties voisines ; il semble au malade qu’on lui traverse l’articulation avec une aiguille.

Si l’ankilose est simple, la peau qui la recouvre conserve sa couleur ordinaire, & elle est mobile sur la tumeur ; mais si l’inflammation succède, la peau rougit, elle se colle à la capsule, & la synovie s’altère encore de plus en plus.

S’il n’y a point d’inflammation, & qu’il y ait encore un peu de liberté dans le mouvement de l’articulation, le mouvement s’opère sans exciter de douleurs : mais si l’inflammation existe, le plus léger mouvement occasionne des douleurs terribles.

Quand l’ankilose a duré long-tems, parce qu’on a négligé d’administrer des secours convenables, il arrive que les parties qui sont au dessous de l’articulation se refroidissent ; que la peau se flétrit ; que la partie maigrit à vue d’œil. Ces phénomènes viennent de ce que le bourrelet formé par l’ankilose s’oppose au libre passage des vaisseaux qui vont porter la nourriture & le mouvement dans ces parties.

Il arrive aussi quelquefois, par une suite de ce que nous venons d’expliquer, que la gangrène attaque les parties qui sont au dessous de l’ankilose.

L’ankilose, par elle-même, n’est pas en général une maladie qui mette la vie en danger, tant que la synovie épanchée ne travaille pas ; mais quand l’inflammation survient, elle fait travailler la synovie, la rend corrosive, les os se carient en dedans & se gonflent en dehors, en causant au malade les douleurs les plus atroces.

Quand l’ankilose est parfaite, elle ne se guérit jamais ; on reste estropié toute sa vie. Dans ce cas, il faut éviter les remèdes, parce que l’inflammation suivroit ; & après avoir fait souffrir long-tems & inutilement le malade, elle le priveroit de la vie.

Quand l’ankilose est imparfaite, on parvient à la guérir, pourvu toutefois que le sang du malade ne soit point chargé d’impuretés : il faut dans ce cas, guérir ces impuretés avant d’attaquer l’ankilose ; sans cette précaution, elle dégénère promptement, & fait périr le malade.

Quand les os sont entrés les uns dans les autres, l’ankilose est incurable ; c’est une infirmité qu’il faut respecter, de peur d’éprouver de plus grands malheurs ; l’épaississe-