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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/642

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gousse ou légume, le noyau, le pepin, la baie, le cône & la noix, sont autant de variétés que nous expliquerons à leurs articles. Mais la semence elle-même est bien digne de notre attention. Si on la décompose, on trouve d’abord la tunique propre, qui est l’espèce de membrane ou d’écorce qui l’enveloppe ; au dessous paroissent les lobes ou cotyledons qui emboîtent la plantule ou le vrai germe. Elle est placée au point où se réunissent les vaisseaux nombreux, dont les ramifications se dispersent dans la substance mucilagineuse & fermentescible des cotyledons. On distingue dans le germe la radicule & la plumule ; ces deux parties sont le rudiment, l’une de la racine, & l’autre de la tige. À peine la plumule se développe-t-elle par la nourriture que lui fournissent les cotyledons, que les feuilles séminales qui la couronnent, commencent à s’épanouir ; les cotyledons dans quelques plantes, les feuilles séminales dans d’autres, protégent & veillent à la conservation de la jeune tige ; aussi, dès que leurs soins deviennent superflus, ils se dessèchent & périssent ; & la tige se soutenant par ses propres forces, s’élève & étend ses branches & ses feuilles de tous côtés.

La fécondation n’est pas la seule manière par laquelle les plantes se multiplient. Toujours riche & abondante dans ses moyens, la nature nous a appris à propager les espèces par les boutures, les rejetons & la greffe. (Voyez ces mots)

À peine la plante est-elle parvenue à son point de maturité, & a-t-elle assuré sa perpétuité par la naissance d’une infinité de germes, qu’elle commence à dépérir. La première cause de la destruction dans le règne végétal, ainsi que dans le règne animal, est l’endurcissement & l’obstruction des vaisseaux, le desséchement des fluides ; en un mot, le mouvement retardé. Chaque instant de notre vie nous conduit au tombeau, chaque instant de l’existence de la plante la mène à la mort. Les maladies viennent en hâter l’instant ; la sécheresse ou l’humidité de l’air affectent sensiblement la jeune plante ; quelquefois le terrain qui la porte lui refuse la nourriture propre, & ne lui fournit que des sucs pernicieux. Rarement résiste-t-elle à de fortes gelées, plus rarement encore échappe-t-elle aux insectes qui dévorent & ses feuilles & ses rameaux. Les soins du cultivateur vigilant peuvent la garantir de ces ennemis extérieurs ; mais il en est d’autres intérieurs qui ne font pas moins de ravage. Quelquefois la séve s’extravase, & forme des dépôts dans certaines parties : elle s’y corrompt bientôt ; une suppuration brûlante s’établit, & la maigreur de toute la plante annonce son état de foiblesse. Tantôt il se forme des loupes monstrueuses, tantôt des tumeurs multipliées rongent & les branches & la tige. La privation de la lumière produit l’étiolement, & jette la plante dans une langueur mortelle ; ainsi, tout ce qui a vie dans la nature doit cesser un jour d’en jouir, soit par des accidens, soit par la dure nécessité. Tout doit passer, tout doit faire place à de nouveaux êtres.

La privation du mouvement & de la vie change absolument la