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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/652

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quelques mouvemens spontanés des animaux.


Sentiment.

Mais d’où dépendent ces mouvemens spontanés ? de quel principe partent-ils ? Les plantes jouissent-elles de la faculté de sentir ? Oui, si le sentiment n’est que cette impression agréable ou désagréable que certains objets produisent sur un être organisé & animé, en vertu de laquelle il recherche les uns & suit les autres. L’animal courbé contre son état naturel, fait effort pour se redresser ; la plumule d’une graine en germination se retourne pour s’élever dans l’air, lorsqu’une fausse position la faisoit tendre vers l’intérieur de la terre. L’animal abandonne une nourriture dangereuse pour en choisir une plus saine : les racines s’étendent d’abord également de tous côtés ; mais si elles rencontrent un terrain dont les sucs leur sont pernicieux, elles changent de route, & se dirigent vers la partie du terrain qui leur convient davantage. La lumière, l’air pur & frais récréent l’animal ; la plante s’incline du côté qui lui procure les douces influences d’une atmosphère salutaire. L’animal cherche toujours l’aplomb sur la ligne horizontale ; la plante le reprend quand on a voulu l’en priver, & les différens degrés d’inclinaison du terrain qui la nourrit ne lui fait pas perdre sa perpendicularité. La sécheresse & la trop grande chaleur impriment un air d’aridité sur les plantes comme sur les animaux ; les uns & les autres souffrent, les uns & les autres goûtent une sensation agréable lorsque la pluie ou une rosée abondante rafraîchissent l’air brûlant. Le plaisir semble s’annoncer par des couleurs plus vives, un verd plus gai. L’irritabilité même qui paroissoit jusqu’à présent devoir confirmer l’animal, & le différencier des autres êtres, se retrouve déjà dans quelques plantes. Les fleurs des chardons, des artichaux, celles de la bardane, du carthame, de l’épine-vinette double, &c. en sont douées singuliérement. L’irritabilité réside dans la substance gélatineuse de l’animal. Quand on aura bien étudié celle du végétal, on trouvera sans doute de plus grands rapports dans leur irritabilité.

 

Maladies.

L’économie végétale & animale est souvent troublée par des dérangemens qui occasionnent de vraies maladies. Chez les uns & les autres, le rachitisme est causé par engorgemens, par obstructions, par dépôts, par tumeurs, par épanchement. Des maladies analogues, & dérivant de causes pareilles, attaquent l’écorce, comme la peau, y produisent des taches de différentes couleurs, des rugosités, des pustules, des gales, des boutons, &c. D’autres ont leur siège dans les organes de la génération, dans les fleurs ou dans les fruits ; d’autres n’affectent que le corps ligneux qu’elles font tomber en pourriture, tandis que l’écorce demeure saine, comme nous voyons la carie ronger les os pendant que le périoste se conserve sain. La séve se corrompt & se décompose comme le sang & les humeurs. Fait-on une blessure à un arbre, la plaie se comporte à peu près comme celle faite