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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/669

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MM. de la Folie & Scanegatti de Rouen, pensant avec assez de raison que l’échelle du second aréomètre de M. Baumé n’étoit pas assez exacte pour exprimer les différens degrés d’une liqueur spiritueuse quelconque ; que le rapport d’une eau saline à l’eau distillée n’étoit pas le même que celui de l’eau distillée à l’esprit-de-vin le plus rectifié, & que par conséquent il ne pouvoit pas servir d’étalon pour fixer les degrés de densité de l’eau-de-vie, imaginèrent en 1777 une autre division fondée, à la vérité, sur les mêmes principes. Ils prirent de l’esprit-de-vin le plus rectifié qu’il étoit possible, par des distillations répétées, mais dont le nombre étoit connu. Ils y plongèrent un aréomètre d’un volume & d’un poids déterminé, & marquèrent zéro au point d’immersion, où il se fixa. Sur quatre-vingt dix-neuf parties d’esprit-de-vin, ils mêlèrent une partie d’eau distillée ; ce qui donna le second degré. Le troisième fut trouvé par un mélange de deux parties d’eau distillée & de quatre-vingt dix-huit d’esprit-de-vin, ainsi de suite pour les autres.

Cette méthode donne un aréomètre comparable & assez juste pour fixer les différens titres de l’eau-de-vie. L’eau-de-vie (voyez Eau-de-vie) n’étant qu’un mélange d’esprit-de-vin & de phlegme ou d’eau, fait par la nature, ils l’imitèrent ; & d’un esprit-de-vin très-rectifié, ils obtinrent une eau-de-vie très-foible qui avoit passé par tous les degrés intermédiaires sensibles au pèse-liqueur. MM. de la Folie & Scanegatti ne firent pas attention à la pénétration d’une liqueur dans l’autre ; & cet objet mérite d’être pris en considération, comme on le verra dans la description de l’aréomètre de M. Bories. L’eau distillée & l’esprit-de-vin le plus pur ont chacun séparément une pesanteur spécifique qui n’est plus la même après le mélange des deux fluides : c’est une troisième pesanteur spécifique.

La correction que M. Assier Perica a faite à cet instrument, consiste à l’avoir rendu en même tems aréomètre & thermomètre, en faisant servir le mercure de la petite boule inférieure qui sert de lest, de thermomètre. Avec cet instrument, non-seulement on s’assure de la densité d’un fluide, mais encore de sa température. La chaleur raréfiant toutes les liqueurs, & le froid les condensant, influent nécessaires ment sur leur densité ; & il n’étoit pas étonnant de trouver une différence sensible dans la densité d’une même liqueur, lorsqu’on l’éprouvoit dans des tems différens, & que leur température avoit changé sensiblement. Avec l’aréomètre de M. Assier Perica, cette différence est connue, & par conséquent peut être corrigée.

La plus grande utilité & le principal service du pèse-liqueur dans l’économie rurale, est de pouvoir indiquer avec précision les différens titres de l’eau-de-vie. Pour les connoître, on se sert ordinairement dans les brûleries d’une petite bouteille dans laquelle on renferme une certaine quantité de cette liqueur ; on la secoue, & le plus ou moins de bulles qui se forment à sa surface, indique la force ou la foi-