Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’emporte pour la dépouiller : après cette opération, on la remet à sa place quand on n’en a pas de toutes prêtes pour la remplacer. Elles sont d’un très-grand avantage pour former des essaims artificiels par le partage des ruches ; ce qui n’est point aussi commode avec les autres, dont l’opération est toujours douteuse.


Section XII.

De l’invention des Ruches vitrées, & de la forme qu’on peut leur donner pour observer les Abeilles.


Les anciens ne connoissoient point les ruches qui nous donnent la liberté d’observer les abeilles dans l’intérieur de leur république : Pline est le seul qui nous apprenne qu’un sénateur romain, curieux d’examiner ces insectes dans la construction de leurs ouvrages, avoit pour cet effet une ruche de la corne la plus transparente. Swammerdam n’avoit jamais vu de ruches vitrées, puisqu’il conseille, afin d’observer les abeilles dans leur travail, de mettre des carreaux de papier à une ruche, & de le déchirer lorsqu’elles auront travaillé, pour jouir du plaisir de voir, d’examiner leurs ouvrages. Moufet pensoit que les abeilles, pour n’être point observées, appliquoient un enduit sur les carreaux de verre, qui, en lui ôtant sa transparence, ne permettoit plus d’examiner l’intérieur de leur domicile. Cependant c’est par le moyen des ruches vitrées que MM. Cassini, Maraldi, de Réaumur se sont instruits dans l’histoire naturelle des abeilles, qu’ils nous ont donné le résultat de leurs observations sur la manière dont elles sont gouvernées dans leur république. M. Cassini est le premier qui ait fait placer dans un jardin de l’Observatoire, des ruches vitrées pour faire ses expériences & ses observations ; depuis ce tems, elles sont devenues très-communes parmi les naturalistes. M. de Réaumur les a extrêmement variées dans les différentes constructions qu’il en a fait faire : les unes sont en forme de pyramides ou de boîtes très-longues, qui ont plusieurs étages ; d’autres ont une figure exactement quarrée. Ces sortes de ruches, au lieu d’être fermées en devant avec des planches, ne le sont que par des liteaux croisés, contre lesquels on applique des carreaux de verre qu’on assujettit avec des pointes & du mastic, comme le sont ceux de nos fenêtres. Un volet attaché par des charnières aux angles de la ruche, forme ces sortes de croisées ; elles ne sont ouvertes que quand on veut observer les abeilles.

Les ruches de Mahogany, dont il a été parlé à la neuvième section, sont aussi très-commodes pour faire des observations : les bocaux dont elles sont surmontées, sont d’une merveilleuse invention pour jouir du plaisir d’examiner l’industrie des abeilles dans leurs différens ouvrages ; les coulisses dont le devant peut être travaillé & disposé de manière à recevoir un carreau de verre, donneroient toute l’aisance qu’on peut desirer pour observer les abeilles : étant placées sur le derrière de la ruche, ces insectes pourroient sortir & rentrer sans appercevoir celui qui les observe.