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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/108

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que l’on conserve, ou d’épargner ceux qu’il faudroit jeter à bas : il peut arriver aussi qu’on ne trouve pas son compte dans le nombre des branches qu’on a laissées comme suffisantes. 5°. Ces mêmes branches non palissées, venant à être cassées par les vents, opèrent encore des vides. En palissant, au contraire, à mesure qu’on ébourgeonne, on prévient tous ces inconvéniens. »

« Beaucoup de jardiniers n’envisageant que la régularité & l’uniformité, commencent à palisser par un bout de l’espalier, & finissent par l’autre. Je crois que les arbres exposés sur la hauteur à la fureur des vents, ceux qui ont le plus poussé, qui portent des fruits plus hâtifs & plus nombreux, ont droit d’être travaillés les premiers, ensuite les plus foibles, puis les vieillards & les infirmes. Parmi les expositions, celle du midi exige toujours la préférence. Je ne dis point qu’un arbre vigoureux doit être moins ébourgeonné qu’un foible qui, n’étant pas soulagé, feroit seulement des pousses chétives. »

« On ne perdra point de vue la nourriture actuelle du fruit, & la provision pour la récolte suivante ; on pourroit ajouter une troisième considération, qui est la grâce & la régularité de l’arbre. Il faut être bon économe, & se ménager successivement des fruits chaque année. On excelle en cela à Montreuil ; tous les ans leurs arbres en donnent, au lieu que dans nos jardins, on en a abondamment dans une année, & peu ou point les suivantes. On laisse, à cette fin, moins de bourgeons à un arbre bien chargé de fruits qu’à un qui l’est moins, afin que le premier puisse les nourrir. On réserve ensuite des bourgeons de bois bien franc, de distance en distance, soit pour regarnir, soit pour remplacer, l’année suivante, ceux qui seront épuisés ou retranchés. »

« En ébourgeonnant les arbres de deux ou trois ans, leur disposition & la distribution de leurs branches doivent être consultées. Ce moment décide de leur sort avec la taille de l’année suivante ; mais je donne, en général, beaucoup de charge à des arbres, quoique jeunes, quand ils sont extrêmement vifs. Mon but est de leur procurer un plus prompt avancement, & de conserver, dans leur totalité, une plus ample circulation de sève. »

« Rien de plus à éviter, dans le jardinage, que la pratique de pincer (voyez ce mot) de raccourcir & d’arrêter les bourgeons. Toutes ces mutilations sont la cause du dépérissement des arbres. La prétendue régularité qu’on leur attribue, disparoît trois semaines après, par un nombre infini de faux bourgeons, d’autant plus assidus à pousser qu’on est plus obstiné à les retrancher. »

« Pour l’ébourgeonnement, il ne faut se servir que de la demi-serpette. (Voyez ce mot) Quand on sait travailler, on fait avec elle autant de diligence qu’en cassant ; mais il faut couper, avec la pointe de l’outil, tout près de l’écorce, les branches surnuméraires & les faux bourgeons : si ces derniers naissent à côté d’un œil, on les retranchera à une ligne au-dessus, de peur de l’endommager. Lorsque vers le mois de septembre la sève commence à s’amortir, & qu’on n’a plus à craindre la gomme & l’avortement des yeux, près desquels