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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/123

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de ceux du troisième genre ; chaque année on les enlève.

Pour suivre l’opération, supposons un échalas neuf, on l’écorce, on l’aiguise, on le flambe, & à force de bras on l’enfonce dans la terre, & la dernière opération est mal-faite, sur-tout quand les vignes sont travaillées & payées à façon ; même à journées l’ouvrage ne vaut guère mieux, parce que l’ouvrier n’a réellement d’autre intérêt que celui de sa journée ; il lui importe que la besogne paroisse faite, & voilà tout. Je demande donc qu’on ait une aiguille ou levier de fer, long de quatre à cinq pieds, d’un pouce & demi de diamètre, & dont l’extrémité inférieure soit arrondie & pointue. Avec cette barre de fer on ouvrira un trou à une profondeur proportionnée à la grandeur & à la grosseur de l’échalas, & on l’y plantera suivant la direction qu’il doit avoir. Aussitôt après, avec le même instrument, on tassera la terre tout autour du pied, & il sera solidement établi. Lorsqu’on le plante à force de bras, & par le poids du corps, on ne l’enfonce jamais si profondément ; une pierre suffit & empêche son enfoncement ; on dérange sa direction, & si l’échalas porte à faux, on en casse beaucoup. Il est démontré qu’en suivant la première méthode, un travailleur plante un bien plus grand nombre du premier & du second genre que dans le second, & que le travail est infiniment plus solide.

Ceux du troisième genre exigeant moins de solidité, peuvent être fichés à force de bras après les avoir aiguisés. Dans plusieurs cantons ils ont une grandeur déterminée, & leur grosseur est, à peu de chose près, aussi forte dans le haut que dans le bas. On les aiguise par les deux bouts, de sorte que le bout enterré cette année formera l’extrémité supérieure l’année suivante ; par ce moyen, l’échalas s’use également dans le haut comme dans le bas : cette pratique a son mérite.

Aussitôt après la récolte, on déchalasse les vignes du troisième genre ; les uns sont rangés dans la vigne même, en moière ou en bauge, suivant les cantons. Pour établir la moière, on choisit quatre forts échalas, on les fiche en terre, à une distance égale les uns des autres, ensuite, de chaque côté, on en réunit deux par le milieu, de manière qu’ils ressemblent à une croix de Saint-André & forment un chevalet. Sur les branches supérieures de ce chevalet sont placés les échalas, & ces chevalets sont multipliés en raison du nombre des échalas de la vigne. Pour la bauge, l’arrangement est différent, l’échalas est planté presque verticalement sur le sol, & une certaine quantité réunie forme une circonférence d’un plus grand diamètre à sa base qu’à son sommet ; cette seconde méthode vaut mieux que la première, parce que l’eau de la pluie coule le long de l’échalas, & concentre dans la masse le moins d’humidité. Il existe, il est vrai, un très-grand courant d’air au tour de la moière ; malgré cela, l’humidité se concentre dans le tas. Je ne sais s’il ne vaudroit pas beaucoup mieux transporter tous les échalas au logis, & les placer sous des hangars ; enfin, choisir pour ce transport le