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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/148

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proportions requises dans la construction d’une écurie. Tout propriétaire connoît la quantité d’animaux nécessaires à l’exploitation de ses domaines ; s’il les veut conserver en santé, il les logera commodément, & réservera quelques places surnuméraires dans le cas d’augmentation.

Les écuries sont simples ou doubles : on appelle simple, celle où les chevaux sont rangés sur un seul rang ; double, celle où les chevaux sont sur deux rangs, & garnissent les deux côtés des murs. La longueur des unes & des autres est indéterminée ; il n’en est pas de même de la largeur : celle de la simple est au moins de dix-huit pieds, & de vingt-deux à vingt-quatre ; celle de la double, de trente-six à quarante-huit pieds. Quant à la hauteur, elle sera proportionnée à la longueur & à la largeur, à douze pieds, elle est trop basse pour une écurie de douze chevaux sur un seul rang ; à quinze, elle seroit mieux proportionnée ; à dix-huit encore mieux. On doit tenir pour maxime constante, que plus une écurie est élevée, plus elle est saine, toutes circonstances étant égales. L’écurie voûtée jouit du double avantage d’être plus chaude en hiver, plus fraîche en été, & les chevaux ne sont pas salis par la poussière qui tombe continuellement des planchers, sur-tout si le dessus n’est pas carrelé.

Comme il n’est pas question ici des écuries destinées aux chevaux des grands Seigneurs, & à la magnificence de leurs châteaux, mais uniquement de celles des cultivateurs & des fermiers, le luxe est déplacé ; le nécessaire uni à la facilité du service & à la salubrité de l’air, voilà les points essentiels.

La porte d’entrée aura de quatre à cinq pieds de largeur, sur sept à neuf de hauteur. Des fenêtres seront distribuées tout autour de l’écurie, à l’exception du côté du soir ; elles doivent être à deux pieds ou deux pieds & demi au-dessus des râteliers. Chaque fenêtre sera garnie de son châssis, ou vitré ou en toile, & de son contrevent : je préfère ce dernier, la lumière est plus douce & fatigue moins la vue de l’animal. Les châssis en papier graissé l’emportent sur tous les autres, si on a le sein de renouveler ce papier au moins une fois par an, afin de fermer exactement, ou d’ouvrir, suivant la différence des vents ou des saisons. J’exige le contrevent comme une des conditions essentielles, afin de priver, dans le besoin, l’écurie de la lumière du jour, & je préfère les châssis garnis en toile, à ceux qui sont vitrés, parce qu’ils s’opposent peu à la circulation de l’air.

Personne n’ignore que les mouches, par leurs piqûres sont le fléau des bœufs, des chevaux, sur-tout lorsque le vent du midi règne, ou qu’il veut entrer. Il est donc important de les en préserver, & le moyen bien simple consiste à fermer tous les contrevents quelques instans avant que les animaux reviennent des champs ; mais on doit laisser la porte ouverte, ou entr’ouverte. Les mouches fuient l’obscurité, abandonnent l’écurie, & s’envolent avec précipitation dans l’endroit où brille la lumière. Dès que les animaux seront rentrés, la porte fermée, on ouvrira les contrevents du côté opposé au soleil, & on fermera les châssis : on peut même, dans ces cas, accoutumer des animaux à manger dans