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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/151

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quatre pouces. Les métayers prudens choisissent du bois dur, & qui ne se sépare pas en esquilles, & font arrondir & lisser les barreaux sur le tour. Quelques-uns même ont l’attention de les faire porter sur un pivot ; afin qu’en tournant, au moindre effort, l’animal tire sans peine le foin du râtelier. Si ces barreaux sont espacés au-delà des proportions indiquées, le cheval, le bœuf, &c. tirent trop de fourrage à la fois, une partie tombe à leurs pieds, il y est foulé, & c’est du fourrage perdu. Si, au contraire, ils sont trop resserrés, l’animal perd du temps, & a beaucoup de peine à tirer la nourriture. Ceux qui substituent des barreaux plats à des barreaux ronds, doivent avoir la plus grande attention à ce que les bois soient bien lissés à la verloppe, qu’ils n’aient point d’esquilles & que leurs arêtes soient arrondies. Sans ces précautions, les lèvres de l’animal seront souvent blessées.

Plusieurs auteurs ont critiqué l’usage des râteliers, & ont dit que les animaux sont destinés par la nature à brouter, & que, quoiqu’ils soient aujourd’hui domestiqués, c’est s’écarter de la loi première, si le fourrage n’est pas placé à leurs pieds, comme l’herbe l’est dans les champs ; d’ailleurs, l’animal, sans cesse contraint à lever la tête, prend peu à peu une encolure de cerf ; ces objections peuvent avoir quelques fondemens, lorsqu’il s’agit d’élever des bêtes jeunes & de grande espérance, sur-tout si l’on habite un pays où les fourrages soient des plus abondans, attendu la quantité de fourrage gaspillé & perdu ; à moins que les palefreniers ne quittent pas d’un seul instant lorsque l’animal prend ses repas. Quel propriétaire peut être assuré de cette attention de la part des palefreniers ? À plus forte raison, quel fermier ou quel métayer peut attendre de pareils soins de ses valets ? Pour nous, bons campagnards, nous mettons en ligne de compte le fourrage perdu ; & nous savons qu’il n’y a point de petite économie. Il nous faut de bons chevaux, de bons bœufs, de bonnes mules, qu’ils soient bien portans. Les chevaux de distinction, excellens pour la parade, ne sont pas notre fait. (Voyez le mot Haras) La base du râtelier doit descendre vis-à-vis la bouche du cheval, afin qu’il ne soit pas obligé de trop lever la tête en mangeant. Si l’inclinaison du râtelier est plus de dix-huit pouces, les ordures, les petites pailles tomberont sur la crinière de l’animal, & se mêleront avec ses poils, objet dégoûtant & funeste par ses suites.

3°. De l’auge. Cavité formée dans la pierre ou avec du bois, dans laquelle on met le son, l’avoine, &c. destinés à la nourriture des animaux, & qui sert à retenir le foin qui tombe des râteliers.

Cette mangeoire est plus étroite dans le bas que dans le haut ; si le diamètre du haut est de quinze à dix-huit pouces, celui du bas sera de neuf pouces, & l’inclinaison des deux parois latérales étant égale, l’animal rassemble mieux l’avoine, le son, &c. & mange avec plus de facilité.

Je préfère les auges en pierre à celles en bois ; elles sont toujours plus propres & sans odeur. Si on donne du son mouillé, l’humidité pénètre le bois, la moisissure gagne & dégoûte l’animal. La première dépense est plus forte, j’en conviens ;