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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/178

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ties, jusqu’à ce que la sève se soit distribuée dans les autres branches ; & comme elle afflue en grande abondance vers l’endroit coupé, les bourgeons sans nombre ne tarderont pas à pousser, & ils appauvriront les branches qu’on vouloit enrichir. Si ces bourgeons ne poussent pas, à coup sûr il se forme un chancre dans cette partie, ou un amas prodigieux de gomme, si l’amputation est faite sur un arbre à noyau. Règle générale, l’inclinaison des branches modère le cours de la sève, & les bourgeons sagement ménagés au bas & le long de la tige, lui donnent la facilité de prendre consistance & de ne pas s’élancer.


ÉLECTRICITÉ, Physiq. Œcon. Anim. & Végétale. Plus les connoissances humaines s’étendent, plus l’étude de la nature s’approfondit, & plus aussi l’homme retire d’avantages de ses travaux. Une étincelle, une foible lueur, une simple clarté peut devenir la cause & la source d’une grande lumière, qui distribue l’éclat & la vie de tous côtés. Qui jamais auroit cru que cette puissance, par laquelle les corps légers étoient attirés par un morceau d’ambre, pût être un jour reconnue pour un des grands principes que la nature met en action pour animer, entretenir & soutenir ses ouvrages ? Quelle chaîne immense il y a entre cette attraction & ces foudres terribles qui menacent l’univers entier d’une destruction prochaine ; entre ces mêmes météores effrayans & ce principe doux & tranquille, qui, s’insinuant à travers tous les corps animés, fait circuler plus librement tous les fluides, & avec eux la vie & la santé. Les phénomènes les plus opposés, les plus contraires en apparence, doivent ici leur origine à une même cause, l’électricité. Que l’on se peigne ces orages épouvantables, qui répandent de tous côtés l’effroi : un nuage sombre s’élève de l’horizon, étend son voile épais sur l’azur des cieux & dérobe à la terre les rayons d’un soleil bienfaisant. L’obscurité marche avec lui, il porte le ravage & la mort ; la terreur le précède, & la désolation le suit. Son sein s’entrouvre, mille feux étincelans s’en échappent, s’élancent, se précipitent sur la terre. Un bruit sourd & perpétuel gronde dans les airs ; il n’est interrompu que par des éclats déchirans : la foudre est partie, & déjà ces chênes orgueilleux dont la tête altière affrontoit les tempêtes, sont réduits en poussière ; déjà ces superbes édifices qui sembloient défier la main du temps & insulter sa faux tranchante, deviennent la proie des flammes dévorantes. Mais ce n’est pas encore assez que le ciel en courroux lance de toutes parts ses foudres vengeresses ; la terre sert encore sa colère, elle répond à sa voix, & vomit des feux qui vont à leur tour embraser les airs.

Détournons nos regards de ces scènes d’horreur. Quel est ce malheureux paralytique ? Couché sur le lit de douleur, les membres engourdis refusent de le servir ; plus de circulation, plus de fluide bienfaisant ne distribue le mouvement dans ses bras & ses jambes desséchés. Il est presque mort ; la moitié de son existence est descendue au tombeau. Mais quoi ! je le vois sourire, déjà un rayon d’espoir anime son visage altéré, un principe vivifiant circule dans ses veines ;