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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/191

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encore plus naturelle & plus vraisemblable ; puisque dans notre système, nous regardons le fluide électrique comme une modification de la lumière, & qu’il a beaucoup de rapport avec le phlogistique ou le feu.

Tous les grands mouvemens d’où dépend, pour ainsi dire, la vitalité, comme le mécanisme de la respiration, celui de la digestion, le mouvement péristaltique des intestins, & sur-tout celui de la reproduction & de la génération, influent nécessairement plus ou moins sur l’électricité animale. Tous ces premiers mouvemens ne sont, pour ainsi dire, que locaux, bornés dans un espace que la nature leur a prescrit : ce n’est que par communication de proche en proche qu’ils agissent sur toute la masse ; mais le dernier dépend de tout l’animal, & dans ces momens l’animal entier est en action. Aussi l’énergie de l’électricité animale n’est-elle jamais si vive que dans ces momens. Quelques insectes en deviennent lumineux, certains animaux semblent respirer le feu par tous les sens ; leurs yeux deviennent brillans, & il paroît en jaillir des étincelles ; les chats & les chiens sur-tout sont de ce nombre.

À la mort, tous ces mouvemens cessans, le développement du fluide électrique cesse aussi, mais ne cesse qu’insensiblement ; il s’éteint, ou pour mieux dire, il s’évapore comme l’eau qui imbibe un corps ; le corps ne devient sec qu’à mesure que toute l’eau s’est volatilisée. Quelques parties cependant, comme les cheveux, les plumes, les nerfs, en donnent des signes beaucoup plus constamment que les autres parties qui se décomposent par la putréfaction.

§. III. Causes externes de l’électricité animale.

Si le corps de l’animal étoit chargé seul de la production de toute l’électricité qui lui est nécessaire, la somme produite ne seroit pas long-temps à s’épuiser, il ne suffiroit pas à en fournir constamment une nouvelle, & même l’effort qu’il feroit sans cesse pour la développer, finiroit par l’épuiser. Il en seroit de cette action vitale, comme de celle de la transpiration insensible. L’humidité que le corps rejette du centre à la circonférence, se renouvelle sans cesse, soit par l’humidité de l’atmosphère, soit par les parties fluides que l’animal prend dans la nourriture ; mais si, par des circonstances particulières, il ne réparoit pas cette perte, & si les agens extérieurs ne venoient pas en entretenir le foyer, la matière de la transpiration insensible seroit bientôt absolument dissipée, les fluides qui circulent dans la machine, & qui en entretiennent la vie & le jeu, s’altéreroient, se dessécheroient, & l’animal périroit bientôt.

Deux causes extérieures fournissent perpétuellement du fluide électrique à l’animal ; celui qui fait partie de l’atmosphère, & celui qui est combiné dans tous les corps.

L’air que nous aspirons est le véhicule particulier qui introduit le fluide électrique dans la capacité du corps. Cette masse d’air est imprégnée d’électricité ; elle parvient par la respiration dans la poitrine ; une partie passe des bronches dans les vaisseaux sanguins, se mêle avec le sang, circule avec lui dans toutes les parties du corps ; l’autre partie qui reste dans les bronches pendant le