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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/194

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dégénérer en une espèce de fièvre ; & suivant M. Sauvages, dans une forte électrisation l’homme éprouve une véritable fièvre passagère qui se dissipe d’elle-même, soit parce que l’atmosphère ambiant se charge de cet excès d’électricité animale, soit parce que l’on cesse d’en accumuler une nouvelle quantité. L’électricité excite encore des sécrétions abondantes de sérosités, comme la salivation, & l’on électrise rarement des malades, sans que ce phénomène ne soit un des premiers à paroître : quelquefois des diarrhées & même de légères hémorragies en ont été la suite. Si l’on tire du corps de l’homme électrisé, de fortes étincelles, & qu’on les répète souvent, on voit se former à l’endroit d’où partent les étincelles une rougeur, une enflure & une espèce d’érysipèle.

Tous ces phénomènes peuvent être rappelés à deux seuls, celui de l’accélération dans le mouvement des fluides, & celui de l’augmentation dans la chaleur animale. Lorsque le mouvement des fluides est retardé, & que le degré de chaleur animale s’affoiblit, on sent facilement quel bien peut apporter à l’économie animale, l’électricité soit atmosphérique soit artificielle. Mais aussi, de quel mal n’est-elle pas cause lorsqu’elle survient avec excès, quand tout étoit au point nécessaire pour la santé ! Nous voyons tous les jours l’état des malades varier avec celui de l’atmosphère ; n’en cherchons la cause que dans la vicissitude de l’électricité atmosphérique, ou du moins, convenons qu’elle y a la plus grande part. Cette électricité devient-elle plus forte, plus abondante ? tout d’un coup certaines maladies s’exaltent, offrent de nouvelles crises, & deviennent plus dangereuses, tandis que d’autres paroissent s’assoupir & devenir plus bénignes : s’affoiblit-elle, ou devient-elle nulle ? quelques malades s’en trouvent mieux, d’autres plus mal. Dans le premier cas, toutes les maladies qui dépendent d’un excès de fluide électrique animal, empirent, & celles qui dépendent d’un défaut, s’affoiblissent ; c’est le contraire dans le second cas.

Toutes les maladies ardentes & inflammatoires, paroissent venir d’une trop grande quantité de fluide électrique, puisqu’elles offrent presque tous les phénomènes que produit l’électricité artificielle, chaleur brûlante, sueur, fièvre, diarrhée, éruptions, &c. Plusieurs espèces de fièvres & les différentes éruptions peuvent naître de la même cause. Mais nos connoissances sur les maladies qui dépendent d’une surabondance d’électricité animale, ne sont pas encore assez certaines pour oser prononcer. Les essais que l’on a faits jusqu’à présent pour guérir diverses maladies par l’électricité, & les succès que l’on a obtenus peuvent seuls conduire à quelque chose de certain sur cet objet.

§. V. Électricité animale-négative ; bien & mal qui en résultent.

L’électricité négative a principalement lieu, lorsque la quantité de fluide électrique, régénéré par le mécanisme de la vie, ou fourni par l’atmosphère, n’égale pas celle qui se dissipe & s’évapore. Lorsque l’air est froid & humide, il est, comme nous l’avons vu, dans la situation la plus propre à dépouiller de l’électricité tous les corps qu’il touche ;